Salon de bronzage: pour adultes seulement

Québec légiférera d’ici la fin de la session parlementaire à la mi-juin afin d’interdire les salons de bronzage aux mineurs, une initiative qui suscite des avis partagés autant chez les propriétaires de salon de bronzage que chez les jeunes eux-mêmes.

Ce n’est pas un hasard si le ministre de la Santé Yves Bolduc dépose le projet intitulé Loi visant à prévenir les cancers de la peau causés par le bronzage artificiel< @$p> en cette période de l’année, puisque les jeunes filles sont plus nombreuses à fréquenter les salons de bronzage en prévision de leur bal des finissants.

Par contre, l’augmentation de l’achalandage reste minime, selon le propriétaire du Centre Multi-beauté du secteur Grand-Mère, Jean-Guy Garceau. «C’est certain qu’il y a une petite hausse, mais la majorité de notre clientèle a plus de 18 ans, donc le bal de finissants a peu d’impact.»

Ce dernier n’est pas inquiet des répercussions qu’auront la nouvelle loi sur son commerce, mais trouve dommage que le gouvernement en soit venu à cette décision. «Les bons salons de bronzage paient pour ceux qui n’ont pas de jugement, ici le temps de bronzage est réglementé et on pose des questions», ajoute-t-il. Il estime que les quelques mineures qui fréquentent son salon ont généralement au moins 17 ans.

«C’est quand même chien que ça devienne illégal juste avant le bal!», s’exclame Catherine, une finissante au Séminaire Sainte-Marie, à propos du projet de loi. Attablées près d’elle, ses amies acquiescent, mais croient tout de même qu’interdire les salons de bronzage aux mineurs est une bonne chose. «Ça va nous rendre plus conscientes des dangers des salons de bronzage, au pire on se fera bronzer dehors», affirme Raphaëlle, une d’entre elles.

Pourquoi juste les mineurs?

Un groupe d’adolescentes de 4e secondaire du Séminaire Sainte-Marie croient aussi que c’est une bonne chose, mais la plupart d’entre elles avouent avoir déjà eu recours au bronzage artificiel. «J’en connais qui pensent utiliser des fausses cartes si les salons deviennent illégaux pour les moins de 18 ans», admet Coralie, qui a fréquenté un salon de bronzage quelques reprises alors qu’elle avait 14 ans. Par contre, les jeunes filles ne comprennent pas pourquoi les salons de bronzage risquent d’être interdits exclusivement aux mineurs, alors qu’ils sont nocifs pour toute la population.

Selon le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé, l’utilisation de lits de bronzage avant l’âge de 35 ans entraîne une augmentation de 75% du risque de mélanome, la plus dangereuse forme de cancer de la peau. Ce risque est tel que l’Organisation mondiale de la santé classe depuis 2009 le bronzage artificiel dans la catégorie «cancérigène connu», au même titre que la cigarette.

C’est entre autres sur ces études que se sont basées la Société Canadienne du cancer et l’Association des dermatologistes du Québec pour recommander au gouvernement l’interdiction du bronzage artificiel aux mineurs, lors des audiences sur la question de la Commission de la santé et des services sociaux qui se sont tenues en février dernier. La commission en est venue à la même conclusion, en plus de suggérer au ministère de la santé de baliser la formation des opérateurs de lits de bronzage et de mettre en place un registre des commerces qui offrent des services de bronzage artificiel.

Si le projet de loi est accepté, le Québec imitera la Nouvelle-Écosse, la ville de Victoria en Colombie-Britannique, la France, l’Allemagne et certains états de l’Australie et des États-Unis.