Succès de la pétition du CAPI : de Shawinigan vers le monde

De Shawinigan émergeait le 26 octobre 2010 une pétition d’envergure mondiale pour que tous les enfants d’Haïti aient accès à l’école. Après un an de circulation, l’initiative lancée par le comité d’accueil des personnes immigrantes (CAPI) du Centre d’action bénévole de Shawinigan de concert avec le Groupe de Réflexion et d’Action pour une Haïti nouvelle (GRAHN) a réussi à amasser 12 000 signatures en faveur de cette action.

La pétition a fait beaucoup de chemin depuis ce temps. «Nous avons totalisé une centaine de réseaux qui ont adhéré à notre pétition aux niveaux régional, provincial, national et international, mentionne la présidente du CAPI, Andrée Hammond. Nous avons opté pour la formule signatures papier. Ce choix a favorisé un échange avec les signataires et leur a permis de saisir la pertinence de leur appui.»

Les documents de la pétition ont été déposés au gouvernement haïtien, à la Commission intérimaire d’Haïti et au gouvernement canadien. C’est donc plus de 10 000 signatures, 53 résolutions de conseils d’administration et lettres d’appui importantes d’autorités politiques et religieuses qui sont parvenues au bureau du nouveau président d’Haïti, Michel Martelly. Considérant l’évolution des signatures dans le pays, le bilan officiel des signatures est de 12 000 noms.

M. Bernier Pierre, le président du Collectif pour l’éducation et la formation en Haïti était présent pour l’occasion. «La pétition de 12 000 noms est importante pour nous. C’est un signal clair qui dit que nous ne sommes pas seulement là pour tester. Nous sommes là pour avancer et épauler les efforts qui se font. Cette pétition dit que nous sommes avec vous, tant que vous voulez faire du bien. Nous avons choisi le domaine éducation parce qu’on ne peut pas relever un pays et faire du développement économique avec un peuple analphabète. Le taux d’analphabétisme frôle le 67%. Il faut que le gouvernement alphabétise notre peuple. Souvent les objectifs se perdent dans le brouillard. Il y a des défis à relever», soutient l’homme.

Sans nécessairement dévoiler ses opinions sur le nouveau gouvernement en place, M. Pierre assure que ce gouvernement est surveillé de près. «Au moment de son assermentation, M. Martelly a déclaré qu’il va envoyer obligatoirement tous les enfants en âge d’être scolarisés à l’école. Beaucoup de gens se posent la question : comment va-t-il faire? Nous ne le savons pas encore et les études n’ont pas encore été faites. C’est ce qui fait que beaucoup de gens doutent de la possibilité de réaliser ce rêve.»

Bernier Pierre stipule que l’important pour tout de suite est au-delà des normes politiques et de la partisannerie. «Je pense que la question n’est pas de contester l’homme. Nous avons un pays à reconstruire et nous avons des urgences. Il faut répondre à ces urgences. Ensuite, nous regarderons le point de vue politique.»

«J’ai suivi toute la campagne électorale et j’ai une certaine lecture de la situation qui me fait dire que la manière dont les élections se sont passées, la manière dont M. Martelly a été élu, nous permet de voir que nous sommes retombés dans un gouvernement populiste, du genre Aristide, affirme m. Pierre. Beaucoup de gens sont sceptiques à ce niveau. Nous n’avons pas le choix d’être optimistes et de vouloir forcer la main pour relever les défis qui se posent dans le pays. Nous sommes trop cruellement frappés pour jouer avec l’avenir du pays. Nous ne sommes pas au stade où l’ont doit aduler. S’il a l’égo un peu trop gros, nous devons lutter pour le rendre plus humble. Je pense qu’on doit lui rappeler que nous sommes là pour servir la population.»