Un rayon de Sunny à la fois

Par Sarah Yergeau |  La solitude, le manque de main-d’œuvre et la difficulté d’accès à des soins de santé sont des problèmes bien connus entourant la situation des personnes âgées au Québec. Heureusement, le contexte actuel tend à changer, grâce à la Fondation Sunny, qui célèbre les 10 ans de son programme Sunny Action.

Ce programme d’été permet à des jeunes de 12 à 17 ans d’ouvrir leurs horizons par l’entremise d’une expérience transformatrice de bénévolat en CHSLD.

« -Ce sont des personnes vulnérables qui sont bien souvent abandonnées. Elles ne reçoivent pas beaucoup de visite. C’est la réalité, les gens n’ont pas le temps et je comprends, mais le besoin est là quand même. Sunny Action est la solution à ce manque », déclare Alain Desbiens, créateur de la fondation Sunny.

Cet été, il y aura 350 Sunny, voire plus encore, qui viendront illuminer le quotidien des aînés dans 300 CHSLD à travers la province.

« Dans ce projet, tout le monde est gagnant : les aînés, les jeunes et les travailleurs de la santé. Même le reste de la société en bénéficie, parce que les jeunes sont allés chercher tout un bagage à travers ça », explique M. Desbiens.

M. Desbiens est toujours aussi touché d’entendre les témoignages des parents suite à l’implication de leur enfant au sein de l’organisme : « Il y a des parents qui me disent que leur enfant a changé du tout au tout après Sunny Action ; qu’ils sont plus à leur affaire et qu’ils font leur chambre sans rouspéter. »

« Après le programme, les jeunes sont mieux équipés pour la société, ils sont plus attentifs aux autres », poursuit le fondateur.

Les travailleurs de la santé sont d’autant plus aux anges, sans compter tout le bien que ça apporte aux patients.

« Quand une employée est toute seule pour 30 aînés, ça fait du bien d’avoir des yeux supplémentaires pour intervenir en cas de besoin. Je pense que ça contribue beaucoup au soutien moral du personnel », confie Alain Desbiens.

« L’effet Sunny, c’est magique. Un simple sourire et un bonjour fait toute la différence. Selon les statistiques, un aîné résidant en CHSLD parle en moyenne 1 à 2 minutes par jour. C’est pour ça que quand un jeune arrive avec son beau chandail jaune et prend 20 minutes pour discuter, c’est le paradis pour eux », enchaîne-t-il.

Le programme, bien qu’il soit à la base réservé pour la saison estivale, est ouvert toute l’année aux jeunes désireux de poursuivre leur mission.

« On a fait un sondage pour savoir si les jeunes voulaient participer 12 mois par année et ils ont tous dit oui. C’est pour ça que depuis cette année, le programme -Sunny Action est accessible en tout temps. Souvent, les mêmes jeunes qui étaient là l’été reviennent décorer aux grandes fêtes comme Noël et la Saint-Valentin », révèle-t-il.

M. Desbiens est toujours aussi épaté de constater le dévouement et l’engagement des participants. « On a des jeunes extraordinaires qui font 100 quelques heures dans l’été, soit 40 heures par semaine. Sachant qu’on en demande 24 au total pour la saison, c’est assez impressionnant à voir aller. »

Décidément, la Fondation Sunny est née sous une bonne étoile. Ayant toujours été un organisme à but non lucratif depuis ses débuts, la fondation incarne un tout nouveau statut cette année : celui d’organisme de bienfaisance.

Le grand changement a été officialisé depuis mars dernier, mais c’est seulement le 14 avril qu’Alain Desbiens a été informé de cette promotion, soit le même jour que l’anniversaire de son fils, Sunny Desbiens, décédé accidentellement il y a 16 ans.

Ce changement de position élargit l’éventail des possibilités d’avancement de la fondation. De ce fait, l’organisation compte annexer les 11 communautés autochtones du Québec au projet.

Le fondateur aspire également à desservir les CHSLD anglophones du Québec, tels que dans la région de Montréal, de l’Estrie et de la Gaspésie.

En collaboration avec le ministère de la santé, les perspectives d’avenir dans le domaine seront éventuellement présentées aux jeunes, afin qu’ils soient encadrés s’ils souhaitent en faire carrière. « 70 % de nos jeunes veulent travailler dans la santé plus tard. Sachant cela, c’est intéressant d’investir en ce sens », avance M. Desbiens.

Quel que soit le choix du jeune, une chose prime pour Alain Desbiens : qu’ils restent accrochés au plaisir du bénévolat et qu’ils continuent d’en faire longtemps.