Une histoire d’amour depuis 75 ans
ANNIVERSAIRE. Cécile et Alexandre Marcouiller se sont rencontrés adolescents, alors qu’ils vivaient dans le même village, à Saint-Jean-des-Piles. Lui restait en haut de la côte, elle, en bas. Il a suffi d’une soirée au théâtre pour allumer une flamme qui allait perdurer… 75 ans plus tard.
C’est ce vendredi 27 septembre qu’ils célébreront leurs noces d’albâtre.
Dans leur appartement de la résidence Saint-Georges, qu’ils habitent depuis 14 ans maintenant, les deux nonagénaires racontent le fil des huit dernières décennies. Des souvenirs gravés à jamais dans leur mémoire, des épreuves qu’ils ont traversées, des anecdotes et des petits bonheurs qui ont parsemé leur quotidien au fil des ans.
C’est dans leur village natal qu’ils ont choisi de s’établir pour fonder leur famille, en 1944. Si leur mariage a été heureux et très rempli, leur parcours de vie n’a pas toujours été facile. En 1949, M. Marcouiller, dynamiteur de métier, a été gravement blessé dans un accident de travail lors de la construction de la route de La Tuque.
«J’ai sauté avec la dynamite», raconte celui qui porte encore aujourd’hui les marques des éclats de roches.
S’il a échappé à la mort de près, il s’en est suivi une longue convalescence, 26 jours d’hospitalisation à l’hôpital de Grand-Mère, puis trois mois à celui de Montréal. À la maison, Mme Marcouiller tenait le fort avec leurs jeunes enfants et un bébé à naître à la même période.
«Ça n’a pas été facile, mais on a passé à travers», se souvient Mme Marcouiller. Malgré l’épreuve, le jeune couple n’a jamais baissé les bras. Dès qu’il a été remis sur ses deux pieds, M. Marcouiller s’est tourné vers de nouvelles opportunités d’emploi. Avec son épouse, ils ont ouvert un restaurant-dépanneur au village de Saint-Jean-des-Piles, qu’ils ont opéré pendant de nombreuses années.
De fil en aiguille, M. Marcouiller a aussi été amené à travailler dans plusieurs domaines: gardien de clubs de chasse et pêche, taxi pour les travailleurs forestiers à Mattawin, conducteur d’autobus pour les écoliers, ouvrier lors de la construction de la route du Parc national de la Mauricie, arpenteur-géomètre… pour ne nommer que ceux-là.
Les Marcouiller ont aussi possédé un immeuble à logements au village de Saint-Jean-des-Piles, qu’ils ont souvent loué aux travailleurs dans le parc national. Mme Marcouiller s’occupait même de nourrir les pensionnaires et de leur préparer des lunchs.
Mais s’ils ont beaucoup travaillé, ils ont aussi beaucoup voyagé. «La Floride, c’était notre place. On est allé tous les ans pendant 20 ans», raconte M. Marcouiller.
Cinq générations plus tard
De l’union de Cécile et Alexandre Marcouiller est née une grande famille, qui s’étend aujourd’hui sur cinq générations. Huit enfants, 18 petits-enfants, 33 arrière-petits-enfants, et 15 arrière-arrière-petits-enfants.
À les entendre en parler, on décèle facilement leur fierté à voir leur descendance aussi tissée serrée. D’ailleurs, leurs enfants saisissent toutes les occasions qui passent pour se rassembler chez eux et partager un bon repas.
Au sein de leur grande famille, les souvenirs d’enfance ne manquent pas.
«Mes parents avaient installé la télévision sur le comptoir dans le restaurant et les gens venaient écouter les émissions, Séraphin, la boxe», se souviennent leurs enfants.
«On a été la première famille à Saint-Jean-des-Piles à avoir une laveuse et une sécheuse, se rappellent-ils. Et probablement aussi parmi les premiers à avoir une télévision.» La famille Marcouiller est aussi probablement la seule à cette époque à avoir aménagé une piscine dans sa cour.
De l’amour dans l’air!
Pour ceux qui veulent connaître le secret d’un mariage aussi durable? Cécile et Alexandre Marcouiller n’en ont pas, si ce n’est que le bonheur et l’amour sont toujours bien présents après tant d’années. Et à voir cette belle complicité qui les unit et la façon dont ils prennent soin l’un de l’autre, nul ne peut en douter!