Une passion qui ne s’éteint pas

Employée du service incendie de la Ville de Shawinigan, Émilie Roussel réalise un rêve de façon quotidienne depuis maintenant cinq ans.

Cet heureux mélange de détermination et d’expériences de vie lui a permis de surmonter aisément l’étonnement et les regards parfois incertains des gens.

Une passion découverte par pur hasard

On recule de quelques années. Émilie Roussel étudie alors le programme de psychoéducation à l’Université de Sherbrooke. Entre deux sessions, un ami lui offre de découvrir une nouvelle région.

Elle accepta donc de passer l’été à Chibougamau. On lui propose un emploi bien loin de son domaine d’étude: combattante de feu de forêt.

«On m’a donné une formation d’une semaine, puis j’ai commencé à faire le travail sur le terrain. J’ai vraiment adoré ça. Ça a duré le temps d’un été. Quelques années plus tard, j’ai décidé de mettre mes études en pause. J’avais besoin de clarifier mon avenir et en regardant mes anciennes expériences de travail avec l’orienteur, j’ai réalisé que ce qui m’avait le plus passionné, c’était mon boulot à Chibougamau. J’ai donc décidé de devenir pompière», explique la jeune femme originaire de Baie-Comeau.

Même si les deux domaines n’ont rien à voir, les connaissances acquises lors de ses études en psychoéducation lui sont encore bien utiles.

«Un incendie, ça change souvent la vie des gens. Quand tu perds tout, tu te sens très démuni. Pour pratiquer ce métier, tu dois être fort psychologiquement. Sinon, tu peux être ébranlé assez souvent. Jusqu’à maintenant, j’ai été chanceuse par rapport aux appels auxquels j’ai dû répondre. Je n’ai pas encore eu à gérer des situations mortelles impliquant des enfants. Je ne le souhaite pas non plus, je dis simplement qu’on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. La psychoéducation et mes différentes épreuves de vie m’ont aidé à voir la vie sous un autre angle.»

Au bon endroit, au bon moment

Bien souvent, les finissants du programme en sécurité incendie doivent attendre plusieurs années avant d’obtenir un poste à temps plein.

«Après avoir refusé deux offres pour un travail à temps partiel, la ville de Shawinigan m’a téléphoné pour un poste à temps plein. Je suis donc déménagé ici et j’ai foncé tête première dans ce nouveau défi. Le territoire à couvrir est très grand et nous devons être extrêmement polyvalents dans nos fonctions, car nos effectifs sont limités», mentionne-t-elle dans une entrevue accordée à L’Hebdo du Saint-Maurice au cours d’une journée forte occupée d’appels, d’exercice de mise en situation et de prévention dans les foyers.

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Dans un milieu garni de stéréotypes

Elle doit transporter de lourds équipements et conduire les gros camions, au même type que ses collègues masculins.

«Je ne fais pas que le faire, j’adore ça! Ces préjugés existent et existeront toujours. Les gens s’attendent à voir débarquer des hommes du camion pour éteindre le feu. Encore aujourd’hui, on s’étonne de voir qu’une femme peut réussir dans ce milieu. Même mes collègues de travail, au début, affichaient une certaine réticence. Je m’y attendais. Ils m’ont testé à mon arrivée, mais de façon respectueuse. Aujourd’hui, ils me font entièrement confiance. Je suis très en forme, j’ai fais du sport toute ma vie, et la technologie nous aide énormément à travailler de façon sécuritaire», explique-t-elle en ajoutant que les doutes à son endroit lui ont servi de motivation additionnelle.

Inspirée par sa mère

Si Émilie Roussel a eu la force de traverser les épreuves et de répondre avec un sourire aux blagues discriminatoires et sexistes, c’est grâce à sa mère.

«Après tout ce qu’elle a surmonté dans sa vie, elle est devenue une grande source d’inspiration sur moi. Monoparentale de trois enfants, elle est retournée aux études à l’âge de 40 ans pour devenir électricienne. Il n’y a pas d’âge pour changer de domaine, ni de barrière qui empêche de pratiquer un métier anciennement consacré aux hommes. En la voyant aller, j’ai compris qu’il n’y avait pas de problème à ce que je réalise moi aussi métier idéal en devenant pompière.»