Une vie chamboulée par la maladie
SENSIBILISATION. Pierre Chrétien menait une vie des plus normales jusqu’en 2015. À la suite de simples prises de sang annuelles, il a reçu un appel à son travail lui recommandant de se rendre à l’hôpital immédiatement pour y subir une batterie de tests.
« Je n’avais aucun symptôme et je ne comprenais pas ce qui se passait. Je m’y suis rendu et on m’a expliqué que mes reins ne fonctionnent plus, témoigne-t-il. J’avais un taux de créatine à 1300, alors que ça varie entre 50 à 100 pour un humain normal. J’aurais vraiment pu faire un arrêt cardio-vasculaire. »
« Dès le départ, les chances de greffe étaient nulles dans mon cas parce que le corps de ceux qui avaient ma condition rejetait le rein entre trois à six mois. Je me suis donc retrouvé en traitement d’hémodialyse à raison de quatre heures par jour, les lundis, mercredis et vendredis. »
La première année a été la plus difficile pour lui en raison de toute l’adaptation que sa nouvelle situation lui demandait.
« À partir de la deuxième année, j’ai commencé à me motiver et à l’accepter, ne serait-ce que pour prouver à mes enfants qu’on ne lâchera pas. La dialyse permet de te maintenir en vie, de conserver une vie normale, alors j’ai compris ça. Je me suis même trouvé un emploi comme appeleur de boules au Bingo à Shawinigan. Puis en 2020, on m’a rappelé parce que ma condition était bonne et très stable. D’après eux, j’étais en genre de rémission et on a fait une batterie de tests pour voir si je pouvais recevoir une greffe. Ils ont décidé d’aller de l’avant. Ça ravivait quand même l’espoir. »
Le Shawiniganais a dû attendre à la fin janvier 2022 pour recevoir l’appel tant espéré, soit celui qui lui annonçait qu’il serait greffé le 2 février 2022.
« J’ai eu le rein d’un donneur décédé qui était à Montréal. On n’a aucune idée c’est qui, mais la personne était très en forme, mais morte cérébralement. Je me suis rendu sur place et après quelques jours à attendre, le rein est arrivé. Ça s’est très bien passé! Je me souviendrai toujours du grand appel. J’étais au travail et j’ai appelé ma blonde. C’était la joie! Je venais de passer la dernière année à monter un dossier pour la greffe, puis on m’a placé sur la liste en novembre. On était tellement et heureux! »
Ce que M. Chrétien espère en racontant son histoire, c’est de sensibiliser la population au don d’organes, mais également à se livrer à des prises de sang sur une base régulière.
« Aujourd’hui, tout va bien et je peux faire ce que je veux. Ce je veux passer comme message, c’est de signer votre carte d’assurance maladie à l’arrière pour le don d’organes. Ça peut sauver des vies et changer des vies. J’encourage aussi les gens à donner auprès la Fondation du Rein, à Trois-Rivières, parce que l’argent sert à la recherche et c’est réinvesti chez nous en Mauricie », ajoute celui qui célébrera son 53e anniversaire en décembre prochain.
« J’incite aussi les gens à faire des prises de sang tous les six mois, ajoute-t-il. On peut n’avoir aucun symptôme, mais recevoir une mauvaise surprise. Ce n’est pas si long se déplacer à l’hôpital pour des prises de sang, comparativement à l’importance de notre santé. L’insuffisance rénale est une maladie sournoise qui se transmet génétiquement, dans plusieurs cas », conclut-il.
Au Canada, une personne sur 14 est atteinte d’insuffisance rénale.
En chiffres…
Plus de 11 000 Québécois sont en clinique de protection rénale (prédialyse) par année, annuellement, tandis que 6000 Québécois sont en traitement de dialyse.
À moins d’avoir une greffe de rein réussie, une personne atteinte d’une maladie rénale peut passer près de 1000 heures par année en dialyse, pour le reste de sa vie.
Le temps d’attente moyen pour une transplantation rénale est de 470 jours (soit une diminution de 40% en 10 ans).
La maladie rénale sera la cinquième cause de décès dans le monde d’ici 2040.