VIH: 120 personnes atteintes en Mauricie
«J’ai beaucoup plus peur de l’hépatite que du VIH», affirme Carole Leclerc, responsable de la Maison Re-Né.
«Aujourd’hui, plus de gens décèderont de l’hépatite que du VIH. Selon les études, les gens atteints du VIH et qui ont une bonne santé vont mourir en moyenne 10 ans plus tôt qu’une personne non atteinte. Par contre, la trithérapie engendre d’autres problèmes tels que le vieillissement prématuré, le cancer, des problèmes de foie et de peau. Il s’agit donc d’une diminution de la qualité de vie», explique Mme Leclerc.
«Ce qui m’a déjà frappée, c’est qu’il n’y a pas beaucoup d’aide pour les gens qui ont l’hépatite. J’ai déjà vu une personne qui a décidé de se donner volontairement le VIH pour avoir plus de services. Les gens atteints de l’Hépatite n’ont pas droit au service de la maison Re-Né», ajoute-t-elle.
Aujourd’hui on ne parle plus de sida, mais plutôt de VIH. On utilise le terme sida lorsque la maladie est trop forte et que les CD4 diminuent à 300 et même moins.
La trithérapie en bref
La trithérapie diminue la charge virale. La charge virale est le nombre de virus qu’il y a dans le système. Le virus s’attaque directement aux CD4 qui constituent le système de défense du corps.
Un être humain normal possède entre 800 et 1200 CD4. Lorsque les CD4 sont attaqués par le virus, ils peuvent diminuer très rapidement. Une personne atteinte du VIH qui possède moins de 300 CD4 est considérée comme atteinte du sida ou en phase 4 avec une charge virale très élevée.
C’est lorsque les CD4 sont très bas et la charge virale très élevée que les gens deviennent plus contagieux. Sinon, si leur charge virale est très basse et avec un taux de CD4 élevé, la probabilité de transmission est très mince, mais pas absente.
«On ne voit plus réellement mourir les gens du sida. Il y a des morts subites ou d’autres maladies qui se développent en raison de la trithérapie. Les médicaments engendrent des effets secondaires dont l’hypodystrophie. Souvent, les graisses se déplacent. C’est pourquoi les joues se creusent et que la mâchoire devient plus carrée. On peut aussi voir une bosse de bison apparaître au niveau du cou et les bras deviennent « nerfés »», précise Mme Leclerc.
Des statistiques confirment également que plus tu contractes le VIH jeune, plus tu meurs jeune.
Une aide pour les gens atteints
La maison Re-Né et Sidaction sont les deux principales ressources destinées aux gens atteints du VIH à Trois-Rivières.
La maison Re-Né existe depuis 1992. À cette époque, la trithérapie n’existait pas. Les gens allaient donc y mourir du sida ou encore d’un cancer causé par le sida.
On pouvait les remarquer par des taches bleutées apparentes sur le corps. Maintenant grâce à la médication, on ne voit plus ces petites taches.
La maison Re-Né a une capacité de six résidents à l’interne.
En 1997, la trithérapie commence à faire son arrivée. Les gens atteint du VIH qui prennent ces médicaments connaissent un regain d’énergie.
Mais on est loin de tout guérir.
«Être porteur du VIH, c’est vivre avec plusieurs inconvénients. Tu ne peux pas vraiment avoir une vie amoureuse et ça peut être très difficile sur le plan social. Avoir des enfants est pratiquement impossible. Vivre avec le VIH ce n’est pas évident», souligne Carole Leclerc.
Par ailleurs, les coûts reliés à la trithérapie sont onéreux, surtout lorsqu’on ne possède aucune assurance en matière de santé.
Par exemple, un patient peut débourser jusqu’à 4000$ chaque mois, sans compter les autres médicaments qu’il devait acheter pour contrer les effets secondaires. Chaque cas est différent.
Les gens atteints du VIH sont en général multi-problématiques puisque plusieurs d’entre eux ont déjà eu des problèmes de toxicomanie ou mental, mais il ne faut pas généraliser.
«C’est rare que les jeunes viennent ici»
Depuis l’an passé, la maison Re-Né est pas mal tout le temps pleine à environ 70%. Il y a de plus en plus de femmes atteintes du VIH contrairement au début où on dénombrait beaucoup plus d’hommes. On note une hausse de cas depuis quelques années.
La moyenne d’âge des gens porteurs en Mauricie est de 45 ans et on estime à 120 le nombre de personnes atteintes du VIH dans la région. C’est sans compter les gens qui ignorent qu’ils sont porteurs du VIH.
«C’est rare que les jeunes viennent ici. Les jeunes sont normalement plus dangereux que les personnes plus âgées puisqu’ils vivent sans s’en soucier. Mais encore, ce n’est pas le cas de tout le monde», précise la responsable de la Maison Re-Né.
L’organisme aide une quarantaine de personnes par année et leur offre différents services tels que des prises de sang, des besoins de nourriture et de l’hébergement.
Depuis 1992, 54 personnes vivant avec le VIH sont décédées en Mauricie.
La prévention demeure la seule façon de prévenir la maladie.