– COMMENTAIRE – Rue Pétain
Vous avez une subite envie de changer le nom d’un édifice, d’une rue à Shawinigan?
Pour vous faire les dents avant de passer aux choses sérieuses, voici une humble suggestion: la rue Pétain.
Celle-ci est située dans ce que les résidents du secteur appelle encore familièrement Shawinigan Nord. La rue Pétain revêt la forme d’un court fer à cheval relié à l’avenue de la Montagne. À peine une dizaine de propriétés y ont leur adresse.
Si je vous suggère celle-là pour tenter une mobilisation citoyenne, c’est qu’elle porte le patronyme du maréchal Philippe Pétain, le chef du gouvernement français qui a collaboré entre 1940 et 1944 avec un certain Adolf Hitler.
Sans doute que le nom du second éveille plus d’images que celui du premier. C’est normal.
J’ignore à quel moment et quel conseil municipal de l’ancienne ville de Shawinigan a adopté le nom de cette rue. Ce que je crois par contre, c’est que la grande majorité des gens qui y habitent aujourd’hui n’ont aucune espèce d’idée qui était ce militaire de haut rang condamné à mort après la guerre.
Ils ne s’en portent pas plus mal mais si d’aventure, ils venaient à ressentir un sentiment de malaise et une envie d’adresser une requête au conseil municipal pour modifier le nom de leur rue, ils seraient sans doute mieux accueillis que les signataires de la pétition qui ont demandé à enlever l’appellation Francis Brisson à la Maison de la culture de Grand-Mère, l’ancien Centre de la culture pour les vieux comme moi, l’Assembly Hall pour les plus vieux que moi.
L’ancienne ville de Grand-Mère a une grande histoire. Elle a déjà rivalisé sinon surpassé à certains moments sa voisine Shawinigan. Au chapitre de la culture, Francis Brisson est l’une de ses figures marquantes.
Les gens ne sont pas obligés de connaître l’histoire de tous les noms des édifices, des rues qu’ils croisent. Mais ils ne sont pas non plus obligés de les dégommer en se demandant: C’est qui lui?.
Ce dont il faudrait qu’ils se souviennent, c’est que si le nom de Grand-Mère est si important à leurs yeux, c’est qu’il y a des gens comme Francis Brisson qui, bien avant eux, ont donné une partie de leur vie pour faire battre le cœur de l’ancienne cité du Rocher.
Ces noms qui ont été attribués ici et là dans la ville n’ont pas été inventés. Ceux qui les portaient n’ont pas à avoir marché sur la lune ou inventé un remède miracle pour qu’on puisse un jour rendre hommage à leur contribution en accolant leur nom à une rue, un édifice.
Cette démarche de modifier le nom de la Maison de la culture n’a sans doute pas été initiée dans le but de renier le passé de Francis Brisson mais en plus d’être maladroite et blessante pour la famille du musicien, elle dénote une carence chez une partie de la population locale de sa propre histoire.
Ça aussi, ça pourrait mériter une pétition pour la rehausser…
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