Donald Marcoux: le Père des prisonniers

Il y a vingt ans cette année que l’abbé Donald Marcoux tend l’oreille et la main aux détenus de la prison de Trois-Rivières. Au cours de cette période, ce sont des milliers de prisonniers – 40 000, selon ses estimations – que l’aumônier a rencontrés, du plus petit escroc aux pires meurtriers…

«J’en ai vu de toutes les couleurs: pédophiles, toxicomanes, meurtriers, voleurs, prostituées… Mais pour moi, ça ne fait aucune différence. Quand je rencontre un détenu, c’est d’abord et avant tout une personne qui se tient devant moi, peu importe son histoire», raconte-t-il. À ses yeux, cette personne se définit autrement que par son crime: elle est le fils, la fille, le père, la mère, le frère, la sœur, le voisin, la voisine ou le collègue de quelqu’un. «Même si son histoire est marquée par une période de vie sombre, elle a le droit d’être accueillie avec dignité et respect, et n’a pas besoin d’être de nouveau condamnée ou jugée», explique-t-il.

Ce respect, les détenus le lui rendent bien. «Ils me laissent entrer dans leur vie et partagent avec moi leurs rêves, leurs blessures et leur intimité, sans artifice. Ils ne me demandent pas d’être comme eux ni de fermer les yeux sur leurs actes, mais seulement d’être là. D’ailleurs, mon rôle ne se limite pas à les écouter: je leur sers aussi de lien entre la prison et le monde extérieur. Par exemple, je suis souvent le seul qui peut leur rendre des services comme leur acheter des vêtements, payer leurs comptes ou changer leur pile de montre. Ça peut sembler banal, mais c’est très important pour eux.»

L’abbé Marcoux, qui est également curé des paroisses de Batiscan et Champlain, est entièrement dédié à la cause des prisonniers. Chaque semaine, il consacre un nombre incalculable d’heures à répondre à leurs besoins. «Il y a toujours à faire pour eux et je me fais un devoir d’aller au bout de leurs demandes. Parfois, ça peut prendre plus de temps, mais je respecte toujours mes engagements. C’est une question de confiance et de respect.»

Une vocation

Pourquoi avoir accepté le rôle d’aumônier de la prison de Trois-Rivières? «Il y a toujours eu, au fond de moi, ce besoin de donner aux personnes, quelle qu’elles soient. Ça fait partie de moi. Alors ça me convenait bien», explique-t-il simplement.

Donald Marcoux prétend qu’il œuvre au sein d’un ministère extraordinaire qui lui permet de vivre la compassion et de développer des relations vraies et fraternelles avec les détenus. «Ces gens-là n’empruntent pas de détours lorsqu’ils me parlent. Ils ne cherchent pas, non plus, à maquiller leurs erreurs.»

C’est d’ailleurs ce que l’aumônier apprécie le plus de son métier. Il l’exprime en ces mots: «J’aime mieux quelqu’un qui joue de la musique fausse et qui le sait que quelqu’un qui fait semblant de bien jouer en cachant une cassette dans son clavier.»

Des liens durables

Par ailleurs, plusieurs détenus gardent contact avec l’abbé Marcoux à leur sortie de prison. «De par les qualités humaines que nécessite mon métier, je deviens presque un père ou un frère pour eux. J’ai baptisé plusieurs de leurs enfants et célébré plusieurs mariages. La foi chrétienne nous lie.»

Après 20 ans entre les murs de la prison, l’abbé Marcoux a toujours la flamme. Par contre, il sait qu’il quittera son poste d’ici quelques années. «Je ne veux pas partir lorsque que je serai rendu au bout du rouleau, mais parce que j’aurai le feu sacré pour autre chose. Cela ne m’empêchera toutefois pas de travailler avec ces gens d’une autre façon.»