DPJ: la négligence au banc des accusés

Les directeurs de la protection de la jeunesse (DPJ) ont enregistré une augmentation de signalements de mauvais traitement envers des enfants partout en province, mais pas en Mauricie où cette statistique a diminué en 2009-2010.

Le Centre jeunesse de la région note cependant un taux de signalement par 1000 jeunes plus élevé que la moyenne nationale. «Cela signifie que 7% de la population jeunesse des régions Mauricie et Centre-du-Québec a été signalée, versus 4,8% si l’on se réfère à la moyenne provinciale», souligne Dominic Lafrance, directeur de la protection de la jeunesse et directeur provincial.

Les statistiques sont encore plus alarmantes sur le territoire desservi par le CSSS de l’Énergie puisque localement, ce 8,9% des jeunes de moins de 18 ans qui ont été signalés. C’est-à-dire que 812 signalements ont été enregistrés sur une population jeunesse de 9141 personnes. Par contre, seulement 301 de ces signalements ont été retenus, ce qui équivaut en terme de pourcentage presque à celui de la moyenne provinciale.

«On peut croire que les enfants en Mauricie et au Centre-du-Québec sont plus en difficulté et c’est sûr que certains facteurs sociaux et économiques contribuent à une augmentation des cas. Mais cela peut aussi vouloir dire que la région est simplement plus sensibilisée et dénonce davantage ce type de situation pour aider les enfants en grande difficulté», poursuit Dominic Lafrance.

Des parents négligents

Du nombre de cas dénoncés à la DPJ en Mauricie et au Centre-du-Québec, 42% (1036 cas) concernent des actes de négligence envers des enfants principalement âgés de 0 à 11 ans.

«La négligence, ce n’est pas ce que l’on fait à un enfant, mais plutôt ce qu’on ne lui fait pas. Donc, c’est de ne pas lui donner de soins particuliers, ne pas l’accompagner dans ses devoirs et leçons, ne pas s’assurer d’une tenue vestimentaire adéquate chaque saison, c’est finalement ne pas être présent et ce qui fait en sorte que l’enfant s’installe dans un mode de vie différent de celui des autres», explique M. Lafrance.

L’appellation inclut également les mauvais traitements psychologiques et le risque sérieux de négligence et d’abus physiques et sexuels. Le développement de l’enfant peut être affecté par un manque d’habileté sociale et une forme de marginalisation risquant de mener à des problèmes de comportement une fois à l’adolescence.

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«Lorsqu’on doit intervenir, on ressent beaucoup de colère chez les parents, mais derrière cette colère se cache souvent la peur: la peur de se faire juger comme parents, la peur de perdre la garde de son enfant», soutient Monique Gévry, adjointe aux DPJ.

Délinquance et adoption

En plus du dossier de la négligence, les DPJ entendent suivre de près les travaux en lien avec la modification au régime d’adoption afin qu’il soit plus conforme à la réalité d’aujourd’hui.

Le nouveau régime ferait la distinction entre les différentes sortes d’adoption tout en proposant des règles de confidentialité adaptées. La délinquance est également un cheval de bataille des centres jeunesse, surtout que le gouvernement souhaite durcir la loi, ce que dénoncent les DPJ.

«Je pense que ce mouvement dans la loi n’est fait que pour le paraître et créer une fausse sécurité publique, alors que la réinsertion sociale a fait ses preuves», affirme M. Lafrance. «La loi actuelle permet la mesure de restrictions dans certaines situations. Et puis, nous sommes une des provinces affichant le plus bas taux de criminalité chez les adolescents. Je crois donc que notre travail actuellement est profitable et donne de bons résultats», ajoute-t-il sans toutefois pouvoir amener une statistique pour appuyer ses dires.