«Elle avait peur de lui»

TÉMOIGNAGES. «Elle essayait qu’il s’en aille. Il ne voulait pas s’en aller. La dernière fois que nous nous sommes parlé, c’est ce qu’elle m’a dit. Je lui ai conseillé d’appeler la police. Elle avait peur d’appeler la police justement pour ne pas qu’il pète les plombs.»

Nancy Bordeleau est la propriétaire du Bar Saint-Charles situé en face de la station-service où le présumé meurtrier a été intercepté par les policiers cette nuit dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides à Shawinigan. Le bar est d’ailleurs situé tout près des deux résidences où s’est déroulé le drame.

La propriétaire du bar connaissait les deux femmes qui se trouvaient à la résidence du chemin du Lac Marchand, soit Denise Hallé, veuve de Jocelyn Duquette, le frère de l’accusé Sylvain Duquette, et Janet Toupin-Lauzon. Le suspect résidait avec les deux femmes.

Si l’événement est traumatisant, Nancy Bordeleau ne se dit malheureusement pas surprise de la tournure des événements. Denise Hallé s’était rendue au bar il y a peu de temps où elle avait confié qu’elle ne se sentait pas en sécurité. «Elle avait peur de lui. La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’elle avait peur de lui. Elle nous l’a dit à tous.» La victime aurait demandé à Jannette Toupin Lauzon, sa cousine qui vivait à l’extérieur de la province selon la propriétaire du bar, de venir habiter avec elle parce qu’elle avait peur.

La propriétaire soutient également que Sylvain Duquette était déjà venu à son bar, mais qu’elle ne le connaissait pas. «Ce n’était vraiment pas un client régulier. Une fois de temps en temps, je l’ai peut-être servi trois fois en quatre ans.» Elle avait entendu dire qu’il avait des problèmes, financiers notamment.

Le drame est évidemment le seul sujet de conversation dans le coin depuis ce matin. «C’est sûr qu’on a de la peine, tout le monde connait un membre de la famille, c’est un petit village», laisse tomber Mme Bordeleau.

À la station-service voisine de celle où a été intercepté le suspect, la gérante Rose-Anne Muise soutient que le quartier est en état de choc. «Tout le monde trouve que c’est dommage, ils ont de la sympathie pour les familles qui ont perdu des êtres chers. Tout le monde se connait ici, c’est déplorable quand une situation comme ça arrive.»

Témoignages de proches et de voisins

Une voisine de la résidence du chemin du Méandre, chez qui Claude Duquette le père de Sylvain Duquette s’est réfugié, s’est confiée à la radio 106,9 FM. «Il sonnait plusieurs fois, et j’ai demandé à mon conjoint si on devait lui ouvrir. Il était aspergé d’essence et il disait que sa femme avait été tuée. C’était difficile de démêler tout ça. Nous avons appelé les secours. Nous avons constaté que c’était un drame important qui venait de se produire.»

La sœur de Sylvain Duquette s’est également confiée au 106,9 FM. Elle aurait parlé à son frère la veille du drame et elle lui aurait demandé s’il avait besoin d’aide. «Il a braillé et il a fait deux crises de panique. On ne savait pas qu’il était pour faire ça. (…) Je jasais avec lui et tout allait bien. (…) En tout cas, moi j’ai fait mon possible. On va aller le voir, je n’ai pas le choix, c’est mon frère, ce n’est pas un étranger..» Selon elle, il n’aurait pas de problèmes psychiatriques.

En entrevue à Radio-Canada, un proche des victimes du chemin du Lac Marchand, Michel Grenier a déclaré: «Lui (Sylvain Duquette) demeurait là. La madame (Denise Hallé) lui a demandé de partir, c’est son ancien beau-frère (frère de son défunt mari Jocelyn Duquette), il ne voulait pas. J’ai eu connaissance ce matin que la maison était en feu.»

«C’est très tranquille, tous des gens à la retraite. C’est pas croyable», renchérit un passant, qui n’habite pas le coin, mais qui était venu voir sa sœur malade ce matin. «Ma sœur la connaissait (Denise Hallé). C’est une madame qui était très gentille. C’est épouvantable.»

Avec Patrick Vaillancourt, Sandra Lacroix et Bernard Lepage.

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