Frédéric Blais: la course de sa vie

«Quand bien même je terminerais dernier, je participerai à la Classique!» Cette prédiction, c’est celle de Frédéric Blais.

Si le jeune canotier se fixe un si modeste objectif – il est arrivé 5e au classement de la 75e édition l’an dernier en compagnie de son frère Guillaume – c’est qu’il a entrepris ces dernières semaines une réadaptation suite à un malaise cardio-vasculaire qui a bien failli l’emporter.

Le 8 mars dernier, lors d’une partie de hockey avec des amis, Frédéric Blais ressent une bizarre sensation du côté gauche de son corps. Quelques minutes plus tard, l’engourdissement se transforme en paralysie. Conduit d’urgence à l’hôpital à Trois-Rivières, il est ensuite transféré en ambulance à Montréal où diagnostiquant une embolie cérébrale, les médecins l’opèrent immédiatement afin de dissoudre un caillot de sang logé dans le cerveau. «Ils m’ont dit: si ça marche, je pourrai les remercier et si ça ne fonctionne pas, je ne serais plus en mesure de savoir pourquoi», raconte le jeune athlète de 21 ans. La chirurgie réalisée sans anesthésie est une réussite mais Frédéric doit composer avec des séquelles – perte de mémoire et mobilité physique – qui pourront être corrigées partiellement par une rééducation. «Le calcul mental a toujours été facile pour moi, mais là, je ne pouvais même plus compléter une opération comme 2 + 3», confie celui qui doit mettre ses études en comptabilité à l’UQTR sur la glace, le temps de sa réadaptation.

Pour Frédéric, c’est le début d’une course bien plus difficile que la Classique. Dans ce genre d’accident, les médecins estiment que le patient peut récupérer le maximum de ce qu’il a perdu dans les huit premiers mois. Ce qui ne l’est pas après cette période critique devra être réappris comme toute chose qu’on ne connaît pas au départ. «Il y a eu une période de découragement au début mais dès que j’ai commencé à prendre des marches avec ma mère et que je me suis remis à l’exercice physique, tout a comme débloqué subitement», raconte celui qui est président de l’ACCQ (Association des coureurs en canots du Québec).

En fait, les progrès sont tels qu’il est pratiquement impossible aujourd’hui de deviner que Frédéric a failli y laisser sa peau il y a moins de deux mois. «J’ai repris l’entraînement il y a quelques semaines. Je veux refaire la Classique en septembre. Je ne sais pas si je vais être assez bon pour mon frère, dit-il en souriant, mais je vais être du départ.»

Une malformation de naissance

La batterie d’examens que Frédéric a passée à l’hôpital ces dernières semaines a permis de découvrir la raison de cet accident: une malformation cardiaque de naissance qui favorise la formation de caillots de sang lorsque le jeune homme soumet son corps à des exercices physiques. Autant dire que le canotier a frôlé la catastrophe à plusieurs reprises sans le savoir ces dernières années. «En 2008, j’avais dû arrêter l’entraînement durant un mois mais les médecins n’avaient pas trouvé le problème.» Frédéric Blais doit prendre aujourd’hui un médicament – le coumadin – qui a pour effet d’éclaircir le sang et de prévenir ainsi sa coagulation. Et la Classique ne constitue-t-elle pas une course d’endurance trop dangereuse pour un homme de sa condition? «Le docteur n’est pas contre. Il m’a seulement prévenu d’écouter mon corps et de ne pas forcer la note plus qu’il ne le faut. Je suis bien content car le canot, c’est ma vie!»