FTRS: un beau souvenir et un objet de fierté

Le Festival de théâtre de rue de Shawinigan demeure toujours un beau souvenir et un objets de fierté pour ses anciens créateurs et dirigeants

C’est avec stupéfaction et une certaine déception que j’ai pris connaissance de « l’article citoyen » intitulé « Festival de théâtre de rue : prudence citoyen » et publié sur le site de l’Hebdo du Saint-Maurice le 22 mai 2011, par M. Renaud Gauthier. Quoique M. Gauthier ait droit à ses opinions, je ne peux pas m’empêcher de rectifier certains faits importants relatés par ce dernier.

Premièrement, rappelons que « feu » Festival de théâtre de rue de Shawinigan a été créé en 1997 par M. Yves Dolbec, Rémi-Pierre Paquin et Philippe Gauthier. Les gars sont partis de rien (8 000 $ la première année) et ont créé un événement exceptionnel faisant l’envie de bien des villes et qui avait une renommée internationale. Les élus de l’époque, la mairesse Landry en tête, ont eu le mérite d’avoir cru et d’appuyer ce projet original. Il est clair que sans l’appui d’une municipalité, il est impensable de tenir un tel événement.

C’est à compter de l’année 2003, que l’aide de Shawinigan s’est faite plus importante. En 2003, le Festival et la Ville ont conclu une entente de trois ans par laquelle la Shawinigan s’engageait à verser la somme de 200 000 $ annuellement. Compte tenu de l’ampleur de l’événement et de son succès, c’était une très bonne affaire pour la Ville qui n’assumait par ailleurs aucun risque financier. En effet, le Festival a toujours eu l’appui des institutions financières et les seuls qui assumaient un risque à la fin c’était les dirigeants du Festival personnellement qui avaient cautionné tous les emprunts et toutes les dettes accumulées, un fait unique dans ce type d’industrie et qui démontre leur sens des responsabilités.

Il est vrai que le Festival trainait une dette depuis plusieurs années, mais celle-ci était sous contrôle et n’inquiétait aucunement les partenaires financiers.

Donc, que s’est-il passé pour qu’un success story vire à la catastrophe? C’est simple : la Ville a refusé de renouveler le contrat qui arrivait à échéance en 2006 et ce, contrairement au représentation qui avaient été faites. Ce faisant, le Festival n’avait plus accès à la liquidité qu’assurait son institution financière. Si la Ville avait renouvelé le contrat comme elle s’était engagée à le faire, tous les artistes auraient été payés dans les délais.

Cela dit, à partir de l’instant où certains artistes et les fournisseurs étaient impayés, la situation devenait intenable pour les dirigeants. On peut très bien comprendre que la colère de certains artistes ait été dirigée vers eux, puisqu’ils n’avaient que faire des ennuis contractuels que pouvait avoir le Festival avec la Ville.

Au fait, que demandait les dirigeants du Festival à la Ville ? Rien, à part de renouveler le contrat aux mêmes conditions. Jamais les dirigeants n’ont demandé à la Ville d’assumer la dette accumulée de l’événement qui de surcroît était en bonne santé financière. La preuve, c’est que malgré leurs déboires, les mêmes institutions financières qui appuyaient l’événement ont suivi les dirigeants dans leur nouveau défi à Lachine. Il faut dire que le Festival de théâtre de rue de Shawinigan, malgré ce qui a pu être véhiculé, à fait preuve d’une saine gestion financière, d’une saine gouvernance et d’une transparence exemplaire.

De un, le festival était en santé financière; de deux, des élus de la Ville ont toujours siégé sur le conseil d’administration à titre d’observateurs; de trois, le Festival a remis chaque année à la Ville et à ses différents partenaires des états financiers vérifiés qui n’ont jamais été remis en question.

De son côté, qu’est-ce que la ville, en fait, le nouveau conseil et le nouveau directeur général de la Ville exigeaient des dirigeants du Festival : que soit remise à la Ville la propriété du Festival et que les dirigeants et propriétaires du Festival deviennent des employés contractuels de l’événement. Le contrat offert a Yves Dolbec, en était un d’un an. C’est un peu comme si à une autre échelle la Ville de Montréal demandait à Gilbert Rauzon de lui céder le Festival Juste pour rire…jamais, il n’accepterait.

L’offre de la Ville était à prendre ou à laisser ! La preuve : Shawinigan a refusé de négocier et certains élus ont sur le champ entrepris les démarches pour fonder un nouveau festival qui allait devenir le Rendez-vous des arts de la rue. Pas besoin, de revenir sur les insuccès de cet événement et sur les conséquences financières qu’a dû assumer la Ville à la suite de son échec. Cela dit, ce n’est pas facile de mener et de réaliser un tel festival. Demandez à n’importe s’y connaissant un peu en matière de festival et il vous dira que pour qu’un événement fonctionne, ça prend de bons porteurs. Les trois dirigeants, Rémi-Pierre Paquin, Philippe Gauthier et Yves Dolbec, étaient et sont toujours d’excellents porteurs!

Je ne veux pas non plus tourner le fer dans la plaie, mais juste pour illustrer le défi que peut représenter la tenue d’un tel événement, rappelons ce qui est arrivé au Festival d’été de Shawinigan-sud et à certains autres festivals de la région dont les villes ont dû éponger les dettes importantes. C’est une des grandes différences d’ailleurs avec le Festival de théâtre de rue de Shawinigan : la ville n’a jamais épongé aucune de ses dettes, seuls ses trois dirigeants les assument toujours.

Ils ont fait preuve d’une responsabilité exemplaire malgré leurs déboires shawiniganais et l’une de leur grande motivation pour partir un nouvel événement, c’était de trouver un moyen pour que les artistes du Festival soient payés. Ils ont gagné leur pari et tous les artistes ont été payés depuis.

Le Festival de théâtre de rue de Shawinigan demeure tout de même un beau souvenir pour ses anciens dirigeants. Je pense qu’ils ont appris de leurs déboires et j’en suis sûr, les dirigeants de la ville de Shawinigan aussi. Ce qui est le plus dommage dans tout ça, c’est qu’il y avait trois gars exceptionnels, des gars fiers d’être Shawiniganais, qui par leur travail et leur passion contribuaient au rayonnement de la Ville.

Aujourd’hui, les gars sont à Lachine et réalisent avec autant de passion leur Festival de théâtre de rue et ce, dans un site enchanteur qu’ont eu l’opportunité de voir de nombreux Shawiniganais depuis sa création en 2008. D’ailleurs, j’invite tous les nostalgiques du Festival à venir à Lachine lors du prochain événement qui se tiendra en juin. Comme c’était le cas à Shawinigan, le Festival de théâtre de rue est gratuit. Je suis sûr que Rémi-Pierre Paquin, Philippe Gauthier et Yves Dolbec vous salueront avec joie. La programmation sera d’ailleurs dévoilée prochainement : http://www.theatrederue.com/

Denis Dolbec