Jos Bine Lachance a lui aussi son monument

Au moment même où 83 embarcations se font la lutte pour l’obtention de la Coupe McCormick sur la rivière Saint-Maurice ce samedi 30 août, près de 200 personnes assistent à Saint-Élie-de-Caxton au dévoilement de la sculpture de Jos Bine Lachance, premier vainqueur de la Classique il y a soixante-quinze ans.

«C’est un événement très significatif pour notre famille», déclare Angèle Lachance, instigatrice du projet et petite-fille du canotier. L’œuvre du sculpteur Claude Desrosiers, de Charette, représente M. Lachance à bord d’un canot, aviron à la main. L’artiste a travaillé sur le bloc de pierre une bonne partie de l’été, directement sur le site où elle est maintenant installée, sur le terrain de la caserne à incendie, à côté du presbytère et de l’église.

Guide de chasse et pêche de profession et coureur des bois par passion, Jos Bine Lachance était âgé de 54 ans lorsqu’il a remporté cette course historique en 1934 en compagnie de Victor Gélinas, de vingt ans plus jeune que lui.

Il participera par la suite aux deux Classiques suivantes. En1935, avec Théophile Normandeau, il termina en 2e position. En 1936, il tente un retour avec Gélinas mais l’équipe abandonne à la hauteur de Grande-Anse. C’en était fait de la carrière de canotier professionnel de Jos Bine Lachance qui décèdera en 1954.

Résidente de Louiseville, Angèle Lachance rapporte que son grand-père devait initialement faire la course en 1934 avec son fils Adam, qui est incidemment le père de Mme Lachance. Mordu par un chien quelques jours avant la course du 18 août et affaiblie par la fièvre, Adam se désiste finalement et c’est donc de cette façon que Victor Gélinas fait son entrée dans l’histoire du canot long parcours en Mauricie. «Papa a toujours eu ce regret de ne pas avoir été là mais en même temps, il a toujours tenu à ce qu’on se rappelle de l’exploit de son père», rapporte Mme Lachance. La cérémonie de ce samedi à Saint-Élie viendra fortement sceller à jamais ce souhait d’Adam Lachance.

Au départ, Angèle Lachance désirait commémorer l’exploit de son grand-père par l’installation d’une plaque. Après quelques entretiens toutefois avec le maire André Garand qui lui promet le concours de la municipalité, elle se laisse convaincre de donner plus d’envergure au projet.

Mme Lachance ne cache pas qu’elle a souhaité en vain voir son grand-père faire partie de la première cuvée des intronisés au sein nouveau Temple de la renommée du canot mis sur pied par la Classique. «Je trouve qu’il y a de la négligence là-dedans. Ça m’a blessé un petit peu», confie-t-elle.

Aujourd’hui, il ne reste plus aucun enfant de Jos Bine Lachance encore vivant mais ils seront plus de 160 descendants ce samedi vers 13h à venir lui rendre hommage. Et comble de l’histoire, au même moment sur la rivière Saint-Maurice, son arrière-arrière-petite-fille Audrey Matteau avironnera dans le cadre de la 75e Classique…