La joaillière Judith Picard couronnée

Le Salon des métiers d’art de Montréal a fait connaître mercredi dernier les prix d’excellence de la profession en 2012. C’est une joaillière de Saint-Élie-de-Caxton, Judith Picard, qui a été honorée de la plus grande distinction du salon. L’artiste qui compte plus de 25 ans de carrière avait encore de la difficulté à réaliser l’ampleur de la réussite qu’elle venait d’accomplir au lendemain de cette ultime reconnaissance.

«Ça fait 18 ans que j’expose au Salon des métiers d’art. Les premières années (d’admissibilité), je me disais que je pouvais peut-être gagner le prix. Puis d’année en année, je faisais mes petites affaires, on dirait que ça ne me passait plus par l’esprit. J’étais vraiment surprise, il n’y a pas de mot… je ne m’y attendais pas», avoue Mme Picard.

«Grâce à sa maîtrise technique, sa connaissance des matériaux, sa recherche, sa passion et l’innovation dont elle fait preuve, la joaillière Judith Picard a obtenu le prix Jean-Marie-Gauvreau; plus haute distinction en métiers d’art au Québec, il est décerné à un membre professionnel du Conseil des métiers d’art du Québec (CMAQ) comptant au moins 10 ans de pratique professionnelle dans les métiers d’art et qui expose au Salon», a fait savoir le jury constitué d’artistes chevronnés tels que Louise Lemieux Bérubé (tisserande), Christiane Paquin (céramiste), Diane Labelle, directrice de la Guilde canadienne des métiers d’art, Stephen Pon (verrier) et Pierre Wilson, directeur du Musée des maîtres et artisans du Québec.

«C’est la reconnaissance des pairs qui me touche, c’est gratifiant», exulte la lauréate.

Des bijoux pour les déesses

Situé au cœur du village mis en valeur par les contes mythiques de Fred Pellerin, l’atelier de Judith Picard contribue à la magie de Saint-Élie-de-Caxton.

Bien que très sobre, l’endroit contient un cachet historique, puisque c’est au deuxième étage de l’ancien magasin général de St-Élie, là où était installée la quincaillerie, que Mme Picard façonne ses œuvres d’art.

«Fascinée par l’authenticité de la matière originelle, inspirée par le mystère des formes et des textures issues de la nature, Judith Picard, artiste joaillière, crée des bijoux pour la déesse qui sommeille en chaque femme», explique-t-on sur le site web de l’artiste.

Mme Picard travaille généralement avec de l’argent, du cuivre ou du laiton. Elle créé d’abord des mosaïques miniatures auxquelles elle ajoute des pierres semi-précieuses.

«Je travaille une œuvre d’art à la fois, confie-t-elle. Ce sont des tableaux portables taillés selon l’inspiration du moment.»

Par ailleurs, les pendentifs, bagues, boucles d’oreilles et broches issus de sa collection sont disponibles entre 90$ et 400$.

Aujourd’hui couronnée, l’artiste admet que le parcours a été ardu et les remises en question fréquentes depuis l’obtention de son baccalauréat en art visuel. Mais au final, elle ne regrette pas d’avoir choisi de faire ce qu’elle aimait dans la vie. «J’ai toujours recherché ce qui me faisait avancer d’un pas de plus. Ce qui me motive, c’est d’entrer à l’atelier et me demander à quoi va ressembler ma prochaine œuvre», explique-t-elle.

Au final, les descendants de Fred Pellerin pourront raconter un jour la belle histoire de la joaillière qui fabriquait des bijoux pour les déesses.