Le cercle vicieux, le cercle vertueux

Nous connaissons tous le cercle vicieux du vieillissement qui entraîne chez nos aînés la tristesse, l’amertume, le ressentiment, les souvenirs douloureux et l’isolement. Qu’en est-il du très méconnu cercle vertueux pourtant si bénéfique et si essentiel à l’être humain et à son environnement.

Mon invité hebdomadaire, Mariette Noël Isabelle est un pur phénomène sur deux jambes de ce qu’est le cercle vertueux. Elle est nantie des vibrations psychiques et positives tel un colibri. Sa personnalité et son langage lui confèrent un plumage et un ramage si coloré, si éclatant. Elle est toujours en plein vol à vive allure ailée à combattre le rythme du confort et de l’habitude qui ralentit et assombrit la sève vitale de l’individu qui prend de l’âge. Cette jeune femme de cœur de 78 ans, même en vol stationnaire comme l’oiseau-mouche, s’abreuve du nectar de l’action régénératrice pour se propager à son entourage comme un heureux tourbillon de joie et d’exubérance, mais jamais en extravagance.

Pour cette mère de trois enfants, René, Jacques et Diane, on ne devient pas vieux ni sage par l’unique fait d’avoir accumulé un grand nombre d’années. On devient vieux parce que l’on a déserté son idéal, ses ambitions et ses rêves. Ses objectifs de vie sont clairs et précis, ils sont les vitamines de son bonheur qu’elle partage volontiers à autrui, ils sont les piles internes du dynamo de son existence réussie. Pour cette femme, en relation amoureuse avec son mari Raymond Isabelle depuis plus de 56 ans de vie commune, toute expérience n’est jamais un échec, mais un bon apprentissage qui mène à un apprenti sage que nous sommes tous appelés à devenir.

Femme occupée, jamais préoccupée

Tout en badinant et en se souvenant de la réplique de sa mère, Mariette affirme que depuis qu’elle est retraitée de l’enseignement en 1983, elle ne travaille plus parce qu’elle a trop d’ouvrage.

Elle marche quatre fois semaine, fait du patin à roulettes, du patin à glace, du ski de fond, possède sa carte de membre d’une station de ski alpin. La lecture, l’écriture, les mots croisés, le chant choral, la peinture, l’ordinateur sont autant de moyens de garder la forme intellectuellement. Avec un humour hilarant, Mariette dira: «Je fais tout sauf l’adultère». En conclusion de son implication journalière toujours bien garnie, elle confirmera que la vie n’est que ténèbres si la passion n’y est pas, n’est pas guidée par la soif de découvrir, de connaître par le travail fait avec amour. Selon elle, nous sommes tous des passionnés endormis qui doivent avec l’âge sonner le réveil de leur imaginaire pour accomplir leurs buts et leurs rêves.

Auteure à 78 ans d’un premier roman

À la Salle des Aînés de Shawinigan-Sud, le 30 mai dernier, en présence de plus de 300 invités, Mariette Noël Isabelle procédait au lancement de son récit autobiographie L’Aptitude au Bonheur, 441 pages de mis à nu de sa personne, produit aux Éditions du Trèfle à quatre feuilles. Ce volume à compte d’auteur présente ses quatre saisons de vie en quatre chapitres livrées avec candeur et tendresse, avec l’émerveillement des yeux de l’amour et de la poésie qui l’habite.

On y décèle l’impact d’une parole bienfaisante, d’un sourire franc et honnête, d’un écrit généreux et flatteur provenant d’une âme qui repousse sans cesse l’agression des ans avec une telle ardeur, un tel enthousiasme. «Nous sommes limités par tout ce que nous ne tentons pas», de me citer Mariette en empruntant les mots de Nathalie C. Barney. Elle en rajoutera en se servant de La Rochefoucauld qui prétend que «les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours». Dans la dédicace de son œuvre qu’elle m’a dédiée, elle m’invite à «venir cueillir la fleur de l’émerveillement et humer le parfum du bonheur».

Pour Mariette Noël Isabelle, l’émerveillement du lecteur devant un livre est une prière, une action de grâce. Mieux encore, comme l’a dit Vigneault, un livre, c’est un arbre qui tente de dire à la forêt qu’il existe une autre vie après la vie. Selon Mariette, un livre est la forme de télépathie la plus douce, la plus merveilleuse pour communiquer.