Les lacs de St-Mathieu sont en santé

Récemment on a porté à mon attention un rapport technique portant sur les lacs de St-Mathieu-du-Parc rédigé par l’organisme de bassin versant de la rivière Saint-Maurice (BVSM). Le rapport n’est pas signé et n’est pas daté, mais à sa lecture on devine qu’il est récent puisque qu’on y retrouve des références datant de 2011.

D’entrée de jeu on y apprend que les lacs de St-Mathieu-du-Parc ont connu au cours des dernières années plusieurs épisodes de prolifération de cyanobactéries ou algues bleu-vert. Étant résident du lac Souris je suis pour le moins surpris de lire une telle affirmation qui a priori me semble non-fondée. En lisant le rapport, on y cherche en vain les données qui pourraient soutenir une telle affirmation. Au contraire, en lisant plus attentivement le rapport on constate que les lacs de St-Mathieu-du-Parc présentent pour la plupart une qualité d’eau exceptionnelle que bien des régions aimeraient pouvoir s’enorgueillir.

Dans les faits, seuls deux lacs présentent les conditions susceptibles de soutenir l’éclosion récurrente de cyanobactéries, et un des deux lacs n’en est pas un puisqu’il est en fait un étang, ce qui, en limnologie ne peut être comparé à un lac. Les mécanismes biologiques et physico-chimiques qui prévalent dans un étang sont si différents de ce qu’on peut observer dans les lacs, que toute comparaison est interdite.

Les riverains de St-Mathieu-du-Parc sont au fait de l’importance de maintenir les concentrations en phosphore dans les eaux de leurs lacs à des bas niveaux pour éviter d’alimenter les algues dont les cyanobactéries. Pour mesurer l’évolution dans le temps des dites concentrations, il est utile de savoir que les concentrations naturelles des lacs de la région se situent quelque part entre 6 et 8 µg/l de phosphore total selon des études réalisées par les chercheurs du MDDEP (Ministère du développement durable, de l’environnement et des parcs). Autrement dit, originalement, soit après le départ des glaciers de la région, plus ou moins il y a 10 000 ans, les lacs ne présentaient pas des concentrations en phosphore de 0 µg/l, mais probablement de 3 ou 4 peut-être 5 µg/l. Or si on fait une moyenne des concentrations en phosphore des 15 lacs de St-Mathieu-du-Parc étudiés, il en a beaucoup plus sur le territoire, et en excluant l’étang considéré malencontreusement comme un lac dans l’étude et un des 15 lacs étudiés qui présente effectivement de mauvaises conditions, les concentrations moyennes en phosphore obtenues au cours des dernières années se situent entre 4 et 5 µg/l. Or à ces niveaux de concentrations de phosphore dans l’eau d’un lac, les probabilités de voir se développer des fleurs d’eau de cyanobactéries sont faibles voir nulles. Bien entendue cela n’exclue pas de voir apparaitre occasionnellement de tels phénomènes, surtout à l’automne par ailleurs, puisque les cyanobactéries sont présentes naturellement dans tous les lacs.

Il est possible de lire dans le rapport deux fiches du MDDEP concernant deux lacs, je dis bien deux lacs, qui ont fait l’objet d’échantillonnage puis d’analyses de fleurs d’eau de cyanobactéries. On constate que dans les deux cas le nombre de cellules de cyanobactéries par millilitre d’eau est faible – moins de 100 000 cellules – et qu’aucune cyanotoxine n’a été détecté. Nous sommes donc bien loin d’une contamination des lacs de St-Mathieu-du-Parc comme il est mentionné au tout début du rapport.

A la lecture du rapport produit par le BVSM concernant les lacs de St-Mathieu-du-Parc il est malheureux de constater que des affirmations erronées et pouvant porter préjudice aux résidents riverains de la région soient supportées par une organisation parrainée par le MDDEP. Un tel comportement n’est pas susceptible d’encourager l’adhésion des riverains de plus en plus avisés aux objectifs pourtant louables promus par les organismes de bassins versants tel que le BVSM.

Nous aurions souhaité pour notre part plus de rigueur dans la rédaction du rapport et surtout une analyse plus poussée des résultats. Au lieu de cela nous avons un rapport peu utile pour les riverains et qui renferme des affirmations non fondées susceptibles d’être reprisent dans le grand publique. La qualité de l’eau des lacs est un facteur déterminant dans la valeur des propriétés des résidents, laisser sous-entendre que les lacs de St-Mathieu-du-Parc sont affectés par les cyanobactéries alors que cela est faux peut causer un tort réel à certains riverains

La qualité de notre environnement est très importante. Pour le protéger il est impératif de porter des actions sur les éléments stratégiques pour sa protection. Seule la rigueur peut nous permettre d’y travailler en évitant les fausses impressions et les jugements de valeurs personnels qui trop souvent sont à la source de course aux sorcières inutiles et contre productif.

Pierre Bertrand,

Lac Souris à Saint-Mathieu-du-Parc