Mathieu St-Pierre à cœur ouvert

CANOT. Le canotier Mathieu St-Pierre est devenu une véritable inspiration pour toute la communauté des canotiers suite à son accident, où il a perdu l’usage de ses jambes. Ne reculant devant rien, il a effectué un retour à la compétition et a même songé à être du départ de la Classique internationale de canots de la Mauricie. TC Media a rencontré le principal intéressé dans une entrevue des plus touchantes.

Le 19 février, la vie de Mathieu St-Pierre a basculé lorsqu’il a été frappé par un arbre dans le secteur du lac Souris à Saint-Mathieu-du-Parc, apprenant quelques jours plus tard qu’il ne marcherait plus. L’histoire a rapidement fait le tour de la région et une levée de fonds a permis d’amasser plusieurs dizaine de milliers de dollars pour aider le canotier dans sa nouvelle vie.

Six mois après son accident, il continue d’apprendre à être efficace dans différentes tâches quotidiennes, qui lui semblaient si facile il n’y a pas si longtemps. «Avoir une vie, c’est déjà quelque chose. Je me lève chaque matin et j’ai des traitements, alors que je suis habitué d’être prêt en cinq minutes. Je commence à m’habituer à ma nouvelle vie. J’essaie d’en faire le plus possible seul, mais ma copine et mes parents sont toujours là pour moi. Nous faisons de notre mieux sans devenir trop fatigués mentalement», a-t-il raconté.

Un retour inattendu

Ne reculant devant rien, St-Pierre est parvenu à effectuer un retour à la compétition à la fin du mois de mai en compagnie du jeune Samuel Frigon, un geste qui a marqué l’imaginaire de bien des canotiers. «À l’hôpital, je ne pensais pas embarquer en canot un jour. Je dois y aller une étape à la fois. Je dois avouer que j’aurais aimé faire la Classique, mais pour te rendre-là, tu dois t’entraîner de cinq à six fois par semaine. J’ai été malade une semaine avec une infection et j’ai eu une baisse d’énergie par la suite. Ma blonde Julianne Morin ou Éric Gagnon étaient disponibles pour ramer, mais ce n’était pas assez. Je ne peux partir seul en C1, ça me prend du monde. Je me suis tanné de tout ça et j’ai réalisé que je ne serais pas capable de faire 200h. Peut-être que ne rien faire pendant un an sera mieux pour moi», a-t-il laissé tomber.

Le canotier ne cache pas qu’il souhaite un jour retourner aux côtés des Blais, Pellerin, Lajoie et compagnie. «Dans ma tête, je suis encore compétitif. Je suis enragé de vouloir battre les meilleurs canotiers. Je ne me vois pas comme un modèle pour les autres, mais comme un membre de la gang, qui n’est plus capable de déloger les gars en avant. Je vais tout faire pour revenir compétitif. Si je refais la Classique, j’aimerais être à un haut niveau. Pour l’instant, j’en suis plus à trouver des solutions pour avoir un beau coup d’aviron, être efficace et stable. J’aime mieux prendre mon temps. Avec la maison et la paperasse, disons que je n’avais plus la tête à ça».

Pour être de retour à la compétition, il est conscient qu’il devra recommencer du début. «C’est sûr que j’y crois, mais je dois trouver un moyen de revenir comme il le faut. Avoir une bonne chimie avec un nouveau coéquipier prend généralement un an. Normalement, ça irait plus vite, mais je sais que ce sera de recommencer de A à Z. Je ne suis pas quelqu’un de normal. J’ai toujours peur. J’ai 27 ans et je dois trouver un moyen de bien guérir, puis aller souffrir par la suite», a-t-il affirmé.

Un support incroyable

Lors du AuSable River Canoe Marathon, le résidant du secteur Beau-Rivage a été accueilli en héros par ses amis américains. «Ça a été plus que wow! Chaque jour, je parlais à la télévision, la radio ou à un membre du conseil de ville. Je crois que je suis rendu bilingue. Une dame a écrit un livre sur moi et me les faisait signer pour amasser des fonds pour m’acheter un kayak de compétition. J’ai vraiment pensé changer de nationalité, a-t-il lancé à la blague. Un bar vendait la bière La St-Pierre et 1$ par vente m’a été remis. J’ai eu un chèque de 2500$ pour m’aider. J’ai pris des photos avec plusieurs personnes. Je ne m’attendais vraiment pas à ça».

Lorsque la neige tombera, il recommencera à skier, un sport qu’il a toujours adoré. «Plusieurs skieurs avec un handicap m’ont approché pour que j’en fasse ça cet hiver. J’irai au camp canadien en décembre et je suis inscrit aux paraaméricains à la fin mars. J’adore la nature et le ski va demeurer mon sport d’hiver. J’avais déjà une certaine facilité, alors je vais essayer d’en tirer avantage. J’ai essayé le kayak de vitesse, mais ce n’est pas comme le canot où tu pars plusieurs heures. Le vélo à mains est également quelque chose que je pourrai essayer».