Métier policier: connaître ses limites

ÉCOLE DE POLICE. Après avoir exercé le métier de policier à Shawinigan depuis plus de 20 ans, Richard Jr Langlois a pris la décision de tenter l’expérience de la pédagogie en devenant instructeur à l’École nationale de police de Nicolet.

Âgé de 42 ans, le policier shawiniganais avait déjà goûté à la pédagogie, notamment en donnant des formations aux agents de la paix de Shawinigan en 2007, et à la région de la Mauricie et du Centre-du-Québec en 2008. «Ça m’a permis de développer le goût de l’enseignement. J’ai toujours aimé partager mes connaissances, que ce soit avec les recrues ou d’autres policiers.»

Lorsqu’il a réalisé son cours à l’école de police en 1993, Richard Jr Langlois a eu la piqure. «Je m’étais promis que je reviendrais à titre d’instructeur. Mais ç’a beaucoup changé comparativement à mon passage ici. La formation est axée sur le terrain et il y a peu de formation théorique. Nous avons des cascadeurs et des comédiens professionnels sur les lieux, et nous revenons avec les étudiants pour leur dire ce qu’ils ont fait de bien et les erreurs commises. La portion terrain est beaucoup plus réaliste maintenant. Les étudiants sont mieux préparés qu’on pouvait l’être lors de notre séjour à l’école. Le programme est bâti pour faire vivre le maximum d’expérience aux étudiants.»

On compte une vingtaine d’instructeurs-chefs d’équipe à l’École de police de Nicolet, et ils arrivent tous du terrain. «Afin d’être le plus près de la réalité actuelle, nous ne passons que de 3 à 5 ans comme instructeurs.»

Il faut savoir que les instructeurs qui étaient policiers sont prêtés par la SQ à l’École nationale de police. «Présentement, j’ai l’intention de revenir sur le terrain après mon passage comme instructeur.»

M. Langlois a occupé plusieurs postes autant au sein de la Sûreté du Québec que de la police municipale avant 2002. Il a été patrouilleur, enquêteur, adjoint administratif, sur l’escouade antiémeute lors du printemps érable, et il a même réalisé une mission de paix en Haïti après le terrible séisme de 2010. Quelle a été l’expérience la plus marquante dans la carrière du policier? «Ma présence en Haïti a été intense, mais très enrichissante. Je vais toujours me souvenir d’un meurtre suivi d’un suicide au milieu des années 1990 sur la 79e Rue à Shawinigan. Il y a eu un siège, et c’était très intense. Ç’a été difficile émotionnellement surtout avec un enfant qui était impliqué dans la scène et qui est arrivé en courant vers moi. C’est justement notre rôle comme instructeur: on doit préparer les étudiants pour le côté émotionnel. Il est important pour chacun de connaître ses limites. Lors d’une scène difficile, nous avons un travail à faire, mais c’est très important aussi par la suite de parler des émotions, c’est essentiel dans notre métier.»

«J’ai choisi d’être instructeur parce que je crois en la relève, il y a un excellent programme, et pour moi, policier est le plus beau métier du monde!»