Michel Émond: de l’ombre à la lumière

Certaines personnes représentent une source d’inspiration par leur parcours de vie particulier. C’est le cas de Michel Émond. Ce résidant de Shawinigan consacre en moyenne 70 heures par semaine à sa grande passion, la peinture. Mais avant de devenir l’artiste épanoui qu’il est aujourd’hui, celui-ci a dû se battre contre son pire ennemi : l’alcool.

De son atelier sur la rue Saint-Marc, ce peintre coloriste l’avoue d’emblée : «c’est la peinture qui m’a ressuscité. Avant, j’étais mort en dedans ». Effectivement, dans la jeune vingtaine, Michel tentait d’oublier une enfance difficile à travers la consommation d’alcool. À cause des beuveries, il était toujours dans la noirceur, d’autant que celui-ci s’était habitué à une vie nocturne. «Durant très longtemps, je n’ai pas vue la lumière du jour, car je passais d’un bar à l’autre», explique Michel.

La naissance d’une passion

À l’âge de 25 ans, en ayant assez de cette «vie artificielle» et ressentant le besoin de faire le vide, il quitta Shawinigan et entreprit un long périple à travers le Québec. «Grâce à ce voyage, j’ai repris contact avec le monde naturel. La beauté du Québec s’est avérée un élément déclencheur. J’ai voulu reproduire en peinture ce que je voyais », souligne Michel.

Par ailleurs, lors de son passage à Baie-Saint-Paul (où les galeries d’art foisonnent), il a eu la chance de côtoyer et de voir travailler des artistes peintres de renom. Ces rencontres ont tellement impressionné Michel qu’il n’eu plus qu’une seule idée en tête : revenir à ses sources, dans sa ville natale, pour laisser libre cours à sa nouvelle passion pour l’art.

«L’art» de renouer…avec la bouteille

Dès son retour en Mauricie, Michel, bien déterminé à tourner le dos à l’alcool, commença à dessiner. Malheureusement, cette sobriété n’a pas duré longtemps et les dessins furent rapidement jetés aux oubliettes. «Malgré mes bonnes intentions, j’ai fait l’erreur de reprendre contact avec des personnes peu recommandables. Après quelques temps, j’avais replongé tête première dans le cercle vicieux de la bouteille», confesse-t-il. Cette rechute aura duré 12 années.

Comme un message

Néanmoins, il avait eu la présence d’esprit de ne pas jeter ses dessins. En les retrouvant par hasard, au début de la quarantaine, Michel interpréta ce moment comme un signe : il décida résolument de cesser de boire et de commencer à peindre. Celui-ci se mit à reproduire sur les toiles la nature et les multiples attraits de Shawinigan et ses environs. Au cours des années qui ont suivi, Michel a participé à de nombreux symposiums et expositions qui ont contribué à le faire connaître. Détenteur de plusieurs prix, l’artiste fut notamment lauréat d’un concours à Saint-Jean-des-Piles dans le cadre du Mois de l’arbre et de la forêt.

Une seconde nature

Maintenant âgé de 62 ans, ce dernier alloue en moyenne 70 heures par semaine à la peinture. Extrémiste, croyez-vous ? C’est que l’art est devenu pour lui aussi essentiel que respirer. «La peinture me procure une richesse intérieure, comme la prière le fait pour d’autres. C’est grâce à l’art que j’ai puisé la force nécessaire pour cesser de boire, il y a 22 ans, et c’est ce qui me procure le bonheur et la sérénité», conclut-il.