On ne rit pas avec l’environnement…

Un résident de Saint-Mathieu-du-Parc vient d’apprendre très chèrement qu’on ne badine plus de nos jours en matière d’environnement.

Vivant à proximité du pont couvert de Saint-Mathieu et bercé par le son de la rivière Shawinigan, Réjean Rivard s’est vu ordonner le 28 mars dernier par la juge France Bergeron, de la Cour supérieure, la démolition d’un luxueux aménagement qu’il a fait construire, sans l’autorisation de la municipalité, à l’intérieur des limites de la bande riveraine protégée fixée à 10 mètres.

À l’été 2009, l’homme investit des dizaines de milliers de dollars dans la construction d’une terrasse en bois, déposée sur une base bétonnée de 100 pieds carrés. L’aire de repos est surmontée d’un toit et comprend divers équipements comme un foyer en briques avec cheminée, des armoires, un BBQ encastrée, un évier, un réfrigérateur, une cuisinière, et un comptoir en céramique. Le tout est complété par un SPA et par un court sentier bétonné donnant accès à la rivière.

Réjean Rivard avait obtenu en octobre 2008 un permis municipal pour effectuer des travaux à sa propriété mais pas pour les aménagements qu’il a éventuellement réalisés. En cour, le défendeur a plaidé qu’il bénéficiait d’un droit acquis par que sa sœur Johanne, de qui il avait acquis la propriété en 2006, avait elle-même fait construire au début des années 1990 une terrasse au même endroit. Il s’est également défendu en affirmant que l’inspectrice municipale avait attendu à sa 3e visite sur le chantier avant de l’aviser qu’il était hors-norme.

Au fil des plaidoiries, la juge Bergeron a statué que le droit acquis ne s’appliquait pas puisque rien de l’ancienne construction ne subsistait et que même dans ce cas, cet ancien patio était lui-même non-conforme en vertu des règlements municipaux en vigueur à l’époque. La magistrate a également rejeté l’argument du défendeur voulant que le délai pris par l’inspectrice municipale avant qu’elle ne l’avise de l’irrégularité de sa situation constituait un préjudice à son endroit.

Fait à noter, la juge Bergeron s’est même rendue durant le procès sur le site afin de voir de visu le luxueux aménagement du défendeur.

Depuis l’automne 2009, la municipalité a sommé à trois reprises (novembre 2009, mars 2010 et octobre 2010) M. Rivard de démolir ses installations puis de remettre les lieux dans leur état initial.

Le jugement accorde jusqu’au 30 juin prochain à Réjean Rivard pour obtempérer à l’avis du conseil municipal de Saint-Mathieu-du-Parc. L’Hebdo du Saint-Maurice a rejoint l’avocat du défendeur, Me Pierre Goulet, de Grand-Mère. Celui-ci a affirmé que son client lui avait demandé de porter la décision en Cour d’appel, ce qui dans les faits revient à mettre sur la glace le verdict de la juge Bergeron. Me Goulet n’a pas voulu révéler les éléments du jugement sur lesquels il allait appuyer son appel.