OPINION- Dois-je me fâcher?

SCULPTURE – Il y a 2 ans, je revenais de Montréal et je suivais une remorque avec 6 copies d`une de mes sculptures que j`avais réalisées pour la Ville de Saint-Tite.

Au début, un peu choqué, je me suis dit qu’ils ne devaient sûrement pas avoir le droit de faire une chose pareille sans m’aviser et sans m’offrir quoique ce soit, ne serait-ce qu`un billet de rodéo ou une publicité disant que ces œuvres sont de moi.

En bon Québécois, je me suis tu et j’ai laissé passer.

Les sculptures occupent maintenant leur place respective à chaque entrée de la ville.

Personne ne sait qui les a réalisées…

L`an dernier, en passant devant la fontaine devant l`église, j`ai pu constater qu`on avait peint la sculpture équestre de couleur or et qu`on avait remplacé le câble par une corde bleu très voyant, faisant passer l`œuvre au faux fini bronze patiné, au rang de sculpture commerciale au goût douteux.

Au début, un peu choqué, je me suis dit qu`ils ne devaient sûrement pas avoir le droit de faire une chose pareille, sans m`aviser !

Mais encore une fois, en bon Québécois, je me suis tu et j`ai laissé passer.

Récemment, une amie m`est arrivé avec une carte postale qu`elle avait payée 5.00$.

Au début, un peu choqué, je me suis dit, etc…

Mais là, je ne sais plus si je dois me fâcher et le rester.

Certaines personnes me conseillent fortement de mettre l`affaire entre les mains de la S.O.D.R.A.C. (Société du droit de reproduction des auteurs, compositeurs et éditeurs au Canada) qui défendent les artistes dans de pareils cas, mais je n`ai pas envie de lancer des roches et, surtout pas d`en recevoir!

Je sais pertinemment que la Ville de Saint-Tite est dans son tort et que le conseil aurait dû me mettre au courant et obtenir mon accord dans leurs démarches.

D`un autre côté, je me dis que si personne ne s`est opposé à ces gestes sans scrupules, c`est que ça fait l`unanimité.

Dois-je m`opposer au goût d`une population et leur imposer ma vision, et le rendre ainsi moins heureux de leurs «décorations»?

L`objectif de cette lettre n`est pas de prouver que j`ai raison et que la Ville de Saint-Tite n`a pas tenu compte des «droits des artistes».

Non, il s`agit pour moi d`exprimer ma déception, je dirais même, ma peine.

Une si petite ville, qui par inconscience ou manque de respect, s`est permis de copier, d`altérer et de profiter d`un produit réalisé par un artiste juste à côté d`eux.

Aurait-il fallu que ces œuvres proviennent d`Europe ou des États-Unis pour qu`elles méritent plus de considération?

Vive le Québec!

–          Luc Laramée, sculpteur