Quand les pompiers sont aux premières loges d’un drame

DRAME. Les pompiers du Service de sécurité incendie de Shawinigan ont été appelés sur les lieux du triple meurtre dans la nuit de mercredi à jeudi, notamment à la résidence du chemin du Lac Marchand, dans le secteur Saint-Gérard-des-Laurentides, que Sylvain Duquette a incendiée après avoir enlevé la vie aux deux femmes qui se trouvaient à l’intérieur.

Les pompiers ont dû extirper deux corps inanimés de la maison et poursuivre leur travail. Au moment d’intervenir, ils ne savaient pas qu’il s’agissait d’un drame familial, c’est plus tard qu’ils l’ont appris.

«L’équipe va bien», assure François Lelièvre, directeur du Service de sécurité incendie de Shawinigan, qui s’est rendu sur les lieux le soir du drame pour s’assurer que les troupes se portaient bien. Il indique que dans de telles situations, des ressources du CLSC sont déployées pour les pompiers.

«Une intervenante sociale s’est présentée à la caserne dans la nuit. Elle est venue discuter avec eux pour voir comment ils vivaient cette situation et s’assurer qu’il n’y ait pas de mauvaises retombées psychologiques sur nos intervenants. C’est toujours assez délicat», explique le directeur, qui rappelle que les signes de détresse des employés des services d’urgence ne se manifestent pas toujours dans les premiers jours suivant un événement.

Formés pour s’ouvrir

François Lelièvre a vu évoluer les mentalités dans les dernières années. «Il y a vingt ans, c’était complètement différent, même pour les policiers et les ambulanciers. Il y a beaucoup plus d’ouverture, beaucoup de formations se sont données dans les dix dernières années.» Il constate également que les jeunes pompiers s’ouvrent plus facilement que leurs collègues avec plus de dix ans de service.

Aux pompiers donc, on répète qu’il est humain d’avoir une réaction lors d’un drame, et qu’il faut en parler. «On tente d’évacuer rapidement. On essaie de ramener ça sur le positif du travail qui a été fait, pour qu’ils éliminent les images négatives d’un tel événement. (…) On leur dit: "Quand on vous demande d’être forts, soyez-le, mais quand on vous demande de vous ouvrir, ouvrez-vous".»

François Lelièvre rappelle que le travail des pompiers effectué lors du drame dans la nuit de mercredi à jeudi peut rappeler celui réalisé lors des accidents de la route. «On a vu des accidents d’auto qui peuvent être aussi traumatisants que ce que les pompiers ont vu», explique-t-il. «Dans ces situations, on essaie de limiter les gens qui sont en contact avec les personnes décédées.»

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