Quelques cervezas à la plage

Ce matin après le bon et "relax" déjeuner servi par Rosaria, la maîtresse de la casa, je décide de me rendre à la Playa Ancón, 18 km au sud de Trinidad. Je trouve le "Yéti" du quartier et me loue une bicyclette.

La segnorita du service de location m’explique le fonctionnement de la bécane et me conseille de sortir de la playa avant 18h00, avant la noirceur. Et elle insiste pour que j’utilise les deux freins afin d’arriver à stopper l’engin. Et si jamais les freins ne fonctionnaient pas, elle pointe du doigt mes gougounes. T’inquiètes, j’y arriverai… et je devrais revenir!

Équipée d’un douteux dérailleur Shimano, trois plateaux à l’avant et un tas de pignons à l’arrière, cette bicyclette doit bien faire dans les 47 vitesses. À peine quelques kilomètres, que la chaîne se pousse en dehors des plateaux. La chaîne débarque sacr… sac à papier.

Moi qui m’était généreusement badigeonné de protection solaire, me voici maintenant les mains noircies de graisse à chaîne de bicycle. Beurré comme si je prenais le départ de la course aux cochons graissés de Ste-Perpétue, ma bécane est maintenant devenu un vélo à une vitesse et deux mollets.

Sous un soleil de plomb, une heure trente plus loin, je débarque à la Playa Ancón. Tout comme les propriétaires de bagnoles, je paie un cuc au préposé du stationnement pour assurer la sécurité de mon véhicule à pédales.

Contrairement à la Playa Siboney, endroit prisé des Cubains près de Santiago-de-Cuba où c’était noir de monde la semaine dernière, il n’y a ici que des touristes. Mais je trouve tout de même une chaise sous l’ombre des palmiers en compagnie de deux rares Cubains sur cette plage.

Les fesses dans ma chaise, je cause avec Justo-Angel et  Yasmani. À l’instar de la loueuse de vélo, ils me répètent de quitter la plage avant la noirceur. Chacun notre tour, nous nous offrons la bière. Moi qui croyait prendre une bière ou deux, après la troisième bière je refuse les traites suivantes. Non, mais j’ai la route du retour à pédaler.

Alors qu’ils en étaient à leur cinquième ou sixième bière, ils me révèlent qu’ils sont des chauffeurs de taxis en attente de leurs clients espagnols et italiens qui profitent de la plage. Ne craignant les barrages routiers lorsqu’ils livreront leurs clients respectifs à  Casilda, cinq kilomètres plus loin, ils se commandent une autre bière. Yasmani me fait voir le coin d’un billet de vingt cuc de sa poche pour me raconter qu’avec quelques pesos, les problèmes se règlent facilement avec les policiers. Ah bon!

Et ces vieilles bagnoles américaines qui brassent tellement aussitôt qu’on y tourne la clé, il doit être difficile de reconnaître un conducteur ivre.

Les fesses endolories, sur le chemin du retour, ce n’est plus la noirceur ou les grands oiseaux carnassiers planant au-dessus de mon sombrero qui m’effraient… ce sont les chauffeurs de taxi sur ma route.

Suis tout de même rentré à Trinidad… à la noirceur!

Hasta la próxima!

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Anna-Maria

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