Saisie: La tête de Blais était mise à prix

Arrêté durant l’impressionnante perquisition policière menée la semaine dernière à Shawinigan-Sud, Patrick Blais a comparu cet après-midi au Palais de justice de Shawinigan. Malgré une garantie financière de 50 000$, la juge Guylaine Tremblay s’est opposée à sa remise en liberté durant les procédures.

Son avocat, Me Serge Millette, proposait que son client rassure le tribunal en signant une hypothèque judiciaire (d’une valeur de 40 000$) et que deux personnes (le frère et la demie-sœur de Patrick Blais) déposent une caution sur signature de 5000$ chacun.

Une liste de conditions, comme de se rapporter au poste de police chaque semaine, était aussi suggérée.

Compte tenu du très lourd passé judiciaire de l’accusé, la première magistrate a rejeté les demandes du revers de la main avant de fixer au 4 juillet le prochain rendez-vous.

Les circonstances

Au départ, l’enquête ne visait même pas Patrick Blais. On cherchait plutôt à mettre le grappin sur un contrebandier de cigarettes du secteur Grand-Mère.

C’est en surveillant ses agissements que les policiers de la Sûreté du Québec ont pu remonter jusqu’à son présumé fournisseur, Patrick Blais.

Selon l’enquête, l’homme de 36 ans cachait drogues et cigarettes de contrebande dans des entrepôts de la rue Jean-Duchesne à Shawinigan-Sud (parc industriel) qu’il louait depuis 2006.

Une arrestation imprévue

À deux reprises, les policiers ont visité les entrepôts afin de voir ce qui s’y cachait. Ces mandats (et les découvertes qui en ressortirent) ont conduit aux cinq perquisitions de vendredi dernier, menées sous 11 mandats croisés.

Pendant qu’ils fouillaient les entrepôts, Patrick Blais est débarqué tout à fait par hasard… sans doute pour s’approvisionner ou décharger de la marchandise. On a alors procédé à son arrestation sous le regard de sa fille de trois ans.

11 000$ en argent liquide et deux caisses de tabacs ont été trouvés dans son véhicule, un Lincoln Navigator. L’entrepôt nord contenait 92 caisses de cigarettes et 168 350 grammes de cannabis (prêts à la consommation et ensaché dans des sacs d’une demi-livre). 613,24 grammes de cocaïne ont aussi été perquisitionnés.

À elle seule, la drogue représentait une valeur de revente d’un peu plus de 1,7M$.

Dans un autre entrepôt, les policiers ont mis la main sur 30 cartouches de cigarettes et un Mazda 3 rapporté volé.

Finalement, la fouille de sa résidence a permis la saisie de 1400 grammes de marijuana, un pistolet taser (libre comme l’air sur sa table de nuit), une machine à compter de l’argent, 51 cartouches de cigarettes, un carnet téléphonique ainsi qu’une astronomique somme d’argent.

«Nous avons trouvé 75 000$ sur le bureau de sa chambre, 80 000$ sur une tablette du sous-sol et 650 000$ dans un coffre-fort. Au total, ce sont plus de 800 000$ qui ont été saisis en coupure canadienne de 20$, 50$ et 100$. C’est sans compter les 11 000$ saisis dans sa voiture», a expliqué l’enquêteur Éric Lavoie, de la division des enquêtes du crime organisé (division contrebande).

Des démêlés avec les Blatnois

Le casier judiciaire de Patrick Blais est bien chargé. En 1995, Blais avait tenté d’importer illégalement 79 pistolets taser et 44 bombonnes de poivre de cayenne. Il avait franchi la frontière canado-américaine sous une fausse identité.

À la fin des années 1990, l’accusé était très actif sur le marché de la drogue. Selon l’enquêteur qui a témoigné, ses démêlés avec les Blatnois ont bien failli causer sa perte alors que sa tête a été mise à prix. Un de ses complices fut tué, l’autre grièvement blessé.

Compte tenu de ses quatre dossiers d’introduction par effraction, quatre dossiers pour recel, trois dossiers de supposition de personne, deux dossiers d’entrave au travail des policiers, culture de cannabis et autre, la juge a rejeté sa demande de remise en liberté.

Le dossier reviendra en cour le lundi 4 juillet.