Sur les vagues du tourisme régional

Le tourisme est en soi une vocation sociale, un accueil communautaire qui est à la fois une très grande responsabilité pour toute la hiérarchie des intervenants et un insigne privilège pour toutes les composantes de la population qui reçoit. Le tourisme, ce n’est pas dire la bienvenue aux visiteurs en conférence de presse lors de la remise d’un dépliant publicitaire relatant le calendrier d’activités ciblées et exhibé sur les étalages du présentoir d’un kiosque d’information en bordure de l’autoroute.

Le sens profond de cette industrie verte est un cadeau de la vie qui nous fait prendre conscience que par notre façon d’être, par nos paroles et par nos actes, nous avons su enrichir et égayer la vie d’autrui des gens d’ici, des gens d’ailleurs. Voilà ce que réalise précisément le Capitaine Jeannot Rodrigue à la barre de l’élégant bateau de bois de cèdre rouge, le J.O. Girard, lors des Croisières Shawinigan qui larguent les amarres du quai d’embarquement de l’Auberge Gouverneur Shawinigan.

Comme s’il s’agissait de son propre navire

Non, le J.O. Girard, n’est pas l’appartenance du Capitaine Jeannot Rodrigue qui en dirige néanmoins les destinées de main de maître pour une huitième année consécutive. Ses corvées vont de la conciergerie au travail de moussaillon, à celles de mousse à premier maître, à celles d’hôte à la capitainerie. Cette polyvalence est essentielle, il doit s’occuper de la maintenance, de la mécanique d’entretien, de la sollicitation, de la promotion, de l’accueil des passagers, de leur confort et de leur divertissement. Le bar est une autre de ses attributions. Il adore ce métier qu’il pratique depuis plus de 43 ans avec la passion, l’enthousiasme et l’engagement d’un petit nouveau de la profession. Il accomplit son boulot avec un humour aussi subtil que courtois. En ma présence lors de l’entrevue, répondant à une dame désireuse de connaître les jours de sortie du navire et de la durée de la croisière historique, le Capitaine Rodrigue rétorqua : «Le Seigneur s’est réservé le dimanche, votre capitaine se contente du lundi et tous les autres jours de la semaine nous voguons la galère pour une Croisière en fête avec un départ à 14 :00 et 16 :00 heures». Quant à la durée de la ballade nautique historique, le Capitaine Jeannot répondit d’un ton amusé : « Madame, si vous êtes accompagné de votre mari, la croisière sera de 75 minutes. Toutefois, seule avec le capitaine, cette croisière pourrait durer toute la vie». Devant cette boutade, j’entendis la dame s’esclaffer d’un franc rire aussi nourri que joyeux. Le volubile capitaine à la répartie facile ne rate jamais une opportunité de détendre l’atmosphère, de créer l’ambiance de jovialité pour tous les visiteurs en villégiature.

50 ans en 2009

Le bateau J.O. Girard a été construit de bois de cèdre rouge en 1949. Ce navire possède une capacité de 75 personnes. Il est la propriété de Ginette Godin et de Alain Martin qui ont uni leur destinée par leur mariage lors de la croisière du 24 juin 2003. C’est ainsi que le concept de mariage en croisière vit le jour. Depuis les tourtereaux de Laval en ont fait une spécialité maison, celle des mariages sur l’eau qui ne tombent pas à l’eau malgré les roulis et les tangages de la vie. Le J.O. Girard est amarré à Shawinigan face à l’Auberge Gouverneur depuis l’été de 1998.

La croisière historique

De la mi-mai à la mi-octobre, la tâche d’animation de cette croisière d’exception est confiée au premier maître Nicholas Lebrun. Sa narration est précise et concise parce que bien documentée. On y relate l’existence de l’archipel des huit îles dont les principales sont l’île Frigon, l’île Marchesseault, l’îles des Hêtres, l’île Chapdeleine, l’île Melville, l’île Banane. On y parle abondamment du Rapide des Hêtres, des chutes Shawinigan baptisés les petites Niagara, du lit boueux à sablonneux de la rivière et de ses profondeurs d’eau. On y relate l’utilité des barrages pour le contrôle du niveau d’eau, de l’histoire de l’implantation des industries lourdes, de la densité de sa population à travers diverses époques. Vraiment on peut dire que la Croisière s’amuse.