Sylvain Girard témoigne lors de son procès

JUSTICE. C’était la reprise du procès de Sylvain Girard lundi au palais de justice de Shawinigan, lui qui est accusé de négligence criminelle causant la mort et de conduite dangereuse causant la mort d’Alexandre Bourque le 4 août 2012 alors qu’ils étaient en bateau.

Au cours de la journée, c’est l’accusé qui a témoigné, ainsi que sa conjointe Christine Pépin. En matinée, Sylvain Girard a répondu aux questions de l’un de ses avocats, Me Michel Lebrun, tandis qu’en après-midi, il était contre-interrogé par la procureure de la poursuite, Me Catherine Vincent.

Au moment des événements, Sylvain Girard avait 55 ans et il est âgé aujourd’hui de 59 ans. Lors de son témoignage, il a raconté la façon dont il a vécu cette journée du 4 août 2012.

En matinée, M. Girard en compagnie de sa femme, de son garçon et de ses petits-enfants, se sont rendus avec le bateau de sa conjointe, un speed boat de 42 pieds, vers l’île au Pas en compagnie d’un couple d’amis et d’autres membres de la famille afin faire un pique-nique. Le groupe devait revenir en début d’après-midi.

À leur retour, c’est Brian Gélinas qui est allé voir M. Girard en motomarine parce que son bateau ne démarrait pas et il voulait de l’aide. Un groupe de jeunes se trouvait chez M. Gélinas. Après avoir trouvé le problème, M. Gélinas a reconduit M. Girard en bateau à son quai, et le groupe de jeunes a suivi avec leur embarcation. «Je ne connaissais pas les jeunes, indique M. Girard à la cour. C’est Brian qui m’a demandé si je pouvais montrer les moteurs, puis pour faire un tour avec les jeunes. »

M. Girard a fait faire un tour de bateau à trois différents groupes au cours de l’après-midi.

À plusieurs reprises lors de l’interrogatoire et au contre-interrogatoire, M. Girard a stipulé qu’il avait un espace sécuritaire afin de pouvoir augmenter la vitesse sur la rivière Saint-Maurice, qui pouvait varier entre 40 et 100 km/h selon les circonstances. «Les trajets que j’ai faits étaient sécuritaires. J’ai circulé sensiblement comme avec ma famille le matin. Tout était conforme. Les jeunes avaient du plaisir et j’étais content.»

Pour M. Girard, les virages en U étaient effectués de façon sécuritaire. «Au moment de l’accident, ce n’était pas un loop (virage en U), mais un grand virage vers le large vers la gauche. Le moteur est sorti de l’eau pour faire un overspeed. J’ai cherché pendant trois ans pour savoir ce qui est arrivé. »

Lors du témoignage, M. Girard a aussi indiqué qu’il ne savait pas exactement le nombre de jeunes lors des tours de bateaux. «Je n’ai jamais compté les gens, je ne vois pas l’utilité de compter les gens sur un bateau.»

C’est lors du contre-interrogatoire que Sylvain Girard a déclaré qu’il a conduit le bateau de façon modérée pendant toute la journée, sans vouloir faire de la vitesse. «C’était un tour de bateau, et pas un tour pour montrer la vitesse du bateau.»

Concernant l’alcool, M. Girard affirme avoir reçu deux verres de rhum & coke au cours de l’après-midi, mais il a seulement bu quelques gorgées de chaque verre. «Je n’aurais jamais conduit le bateau si je n’étais pas apte à 100%.»

Il n’a pas constaté de signes provenant d’autres plaisanciers en bateau sur la rivière évoquant sa vitesse.

Le couple détient plusieurs voitures, dont une Dodge Viper et Dodge Barracuda. D’ailleurs, Brian Gélinas et certains jeunes ont fait un tour de Dodge Viper entre le deuxième et le troisième tour de bateau. Questionné par Me Vincent, M. Girard a admis qu’il aimait la vitesse.

Sa conjointe témoigne

La conjointe de Sylvain Girard, Christine Pépin, a été appelée à la barre en après-midi. Toutes les acquisitions du couple sont à son nom.

Mme Pépin a évoqué qu’elle et son conjoint ont cherché à connaître ce qui a causé l’accident pendant trois ans, et suite à la confirmation d’un expert, le couple a compris cette année. Ce témoin sera entendu mardi.

Le couple détient un bateau depuis plus de 25 ans, sans jamais avoir eu d’accident. Ce type de bateau se manœuvre bien à une bonne vitesse.

Lors du troisième tour effectué par son conjoint au cours de la journée, elle voit passer le bateau devant le quai, et voit le virage effectué. «J’ai vu une grande gerbe d’eau qui m’a caché la vue du bateau et les gens qui ont été éjectés. Je n’avais jamais vu une gerbe d’eau vers le côté du bateau. Selon moi, il allait à une vitesse de 50 km/h en passant en avant du quai avant effectuer le virage.

Mme Pépin a raconté ensuite la façon dont elle est venue en aide aux gens.

Lors du contre-interrogatoire, Mme Pépin a indiqué qu’elle avait déjà vu des gerbes d’eau derrière le bateau, mais pas sur le côté. «Je l’ai déjà fait pour faire accélérer le bateau au départ. C’est impressionnant, mais il n’y a aucune utilité. »

La conjointe de l’accusé a confirmé au juge que ce bateau avait été acheté pour plus de confort, et non pas pour la force de moteur comme critère.

L’historique du bateau

Le bateau a été acheté en septembre 2009 par le couple au coût de 1 119 000$, et revendu en 2013 environ un an après l’accident pour un prix de 190 000$. Il s’agit d’un speed boat haute performance avec deux moteurs pouvant atteindre une vitesse maximale de 170 km/h. Le couple a affirmé avoir changé de bateau à cette époque pour plus d’espace et de confort dans l’embarcation.

Le procès de Sylvain Girard a commencé en octobre dernier. Parmi les personnes ayant témoigné, on retrouve les policiers de la Sûreté du Québec, le mécanicien ayant réalisé l’inspection du bateau, ainsi que plusieurs témoins riverains, et des personnes ayant participé à l’un des trois tours de bateau.