Un peu de Lafrenière dans le succès des Cats

Richard Lafrenière en a vu du hockey au cours des dernières années. En fait, le recruteur observe et évalue le rendement des patineurs du niveau midget depuis 1988.

Jusqu’en 1995, il a occupé la fonction de recruteur-chef du défunt Titan de Laval. De 1995 à 1997, il a campé le même rôle avec les Prédateurs de Granby avant de se joindre, en 1999, au Titan d’Acadie-Bathurst comme éclaireur jusqu’en 2002.

L’année suivante, il s’est joint aux Cataractes de Shawinigan où il y a passé cinq saisons, dont une à titre de directeur du recrutement. Bien qu’il soit aujourd’hui à l’emploi des Tigres depuis le 17 juillet 2007, M. Lafrenière a surveillé avec intérêt le parcours des Cataractes cette saison. Plus de la moitié des joueurs qui y évoluent ont été sélectionnés durant son passage dans la Cité de l’Énergie.

Matthew Pistilli, Cédric Lalonde-McNicoll, Gabriel Lemieux, Maxime Legault, Dave Labrecque, Antoine Houde-Caron et Pierre-Alexandre Vandall, entre autres, ont été sélectionnés par l’équipe de recruteurs dont il faisait partie. «Le mot équipe n’est pas négligeable, puisque c’est l’essence même du recrutement au sein d’une formation», a-t-il précisé.

C’est en 2007, sa dernière année avec les Cataractes, que Richard Lafrenière a connu sa meilleure séance de sélection. Les Cats avaient alors mis la main, entre autres, sur Charles-Olivier Roussel, Philippe Paradis et Gabriel Girard. Cette année-là, Dominic Savoie et Brad Yetman avaient aussi été sélectionnés. Ceux-ci ont, par la suite, été échangés pour obtenir les services de Sébastien Piché, des MAINEiacs de Lewiston, et de Maxime Macenauer, des Huskies de Rouyn-Noranda respectivement. «J’ai suivi avec beaucoup d’intérêt le rendement de ces joueurs cette saison. C’est évidemment une fierté pour un recruteur de voir que nous avons eu la main heureuse en les sélectionnant. Il faut dire, toutefois, que nous avions beaucoup de choix au repêchage parmi les cinq premières rondes. Cela nous a permis d’y aller de décisions un peu plus risquées. Ça a rapporté», a-t-il poursuivi.

M. Lafrenière reconnaît humblement que l’équipe de recrutement a eu du flair au cours des dernières années. Encore aujourd’hui, il souligne que la formation est entre bonnes mains avec le Victoriavillois Alain Bissonnette comme recruteur-chef, disant de lui qu’il est «l’un des bons dans la profession». «Ted Williams, des Red Sox, passait de temps à autre dans la mitaine. À la fin de la saison, il affichait tout de même une moyenne au bâton de .400, ce qui en faisait l’un des frappeurs les plus redoutables. Comme recruteur, c’est ce que nous tentons de faire. Nous pouvons nous tromper, tout en conservant une bonne moyenne au bâton, surtout dans les cinq ou six premières rondes. Au-delà de ces rondes, si le joueur parvient à percer l’alignement, c’est un bonus», a-t-il raconté.

Richard Lafrenière n’attribue pas les succès des Cataractes cette année uniquement à la qualité du repêchage. Il ne tarit pas d’éloges à l’endroit de l’entraîneur-chef Éric Veilleux, qui est originaire de Victoriaville. «Lorsque j’étais à Laval, alors que Bob Hartley était l’entraîneur-chef, nous avions fait des pieds et des mains pour mettre la main sur Éric comme joueur. Il y a trois ans, alors que Jacques Blouin était le directeur général, nous l’avons amené comme entraîneur. Il a largement contribué à relancer la concession. Il a su développer les joueurs et bien se servir de tous les outils qu’il avait à sa disposition. C’est ce qu’il a fait partout où il est passé. Quelques bonnes transactions de Martin Mondoux ont aussi permis à l’équipe d’atteindre la finale cette saison», a renchéri le recruteur.

Après cinq ans d’association avec les Cataractes, Richard Lafrenière a quitté l’organisation en 2007. Un nouveau conseil d’administration, avec Martin Mondou à sa tête, n’a pas manifesté la volonté de conserver les services de l’expérimenté homme de hockey. De l’ancienne équipe de recruteurs, seul Gilles Carré est toujours à l’emploi des Cats aujourd’hui. Il en est à sa septième année avec l’équipe. «C’est le hockey», a-t-il dit, reconnaissant qu’il aurait aimé poursuivre son travail à Shawinigan.

Répéter l’exploit avec les Tigres

Lorsqu’ils l’ont embauché, les Tigres avaient vanté sa grande expérience et son flair. Le 6 juin, il en sera à son deuxième repêchage avec les Victoriavillois.

Le recruteur aimerait évidemment répéter l’exploit des Cataractes en 2007 récoltant une impressionnante cuvée. Il concède toutefois que la banque de choix des félins est mince et que la marge de manœuvre de l’équipe le sera tout autant lors de la sélection des espoirs. «Nous possédons trois choix dans les six premières rondes. Il ne faudra donc pas passer dans la mitaine trop souvent. Il faudra y aller de choix moins risqués. Même si l’équipe n’en est pas au début d’une phase de reconstruction, je crois qu’il est toujours important d’avoir du sang neuf pour menacer les vétérans. C’est le directeur général qui prend les décisions. Il peut aussi bien procéder à une transaction pour acquérir des choix ou pour s’en départir. Notre travail, comme recruteur, est d’évaluer les joueurs disponibles», souligne-t-il.

M. Lafrenière, qui habite dans la région de Montréal, qualifie de «bonne, mais sans plus», la cuvée d’espoirs cette année. «Elle n’est pas exceptionnelle, mais il y a tout de même de bons joueurs disponibles dans les trois ou quatre premières rondes. Il faudra user de notre flair, de là l’importance de bien évaluer les joueurs. Philippe Paradis, l’an dernier, n’avait inscrit que cinq buts avec les Élites de Jonquière à son année de repêchage. Nous avions cependant constaté que lors des événements d’envergure, comme le match des étoiles, il jouait avec plus d’aplomb. Bien entouré, il était une véritable menace sur la glace. C’est ce qui avait justifié sa sélection en deuxième ronde par les Cataractes», a-t-il raconté.

M. Lafrenière compte plus d’une vingtaine d’années d’expérience dans la LHJMQ. Au terme de chaque saison, il réévalue son statut à savoir s’il sera de retour. Il se dit encore aussi passionné que le premier jour. «Les joueurs ordinaires comme j’ai été à l’époque sont souvent les plus affamés quand vient le temps d’occuper des postes au sein des organisations, a-t-il dit en riant. À mon âge, je reconsidère toutefois à chaque année mon travail. Après le prochain repêchage, je vais décider tout d’abord si je continue. Si c’est le cas, je regarderai les options qui s’offriront à moi», a-t-il conclu.