Une journée dans la peau «d’Elliot»

EXPÉRIENCE. «Il est facile de juger quand on ne connait pas la réalité des autres.» Sensible à la condition de l’un de ses élèves, Elliot Gagnon, l’enseignante Guylaine Marchand a mise sur pied une journée «Dans la peau d’Elliot» pour sa classe de 4e année.

Enseignante à l’école St-Charles-Garnier de Shawinigan, Guylaine Marchand accueille dans sa classe Elliot Gagnon, un garçon de 10 ans ayant eu un AVC intra-utérin.

Dans le concret, cela veut dire que l’élève ne peut se servir de sa main droite. Il possède aussi une jambe plus courte que l’autre et son champ visuel droit est rétréci.

Bien que ses compagnons de classe soient presque toujours gentils avec lui, Mme Marchand a remarqué certains gestes d’intolérance à son égard, comme en éducation physique par exemple. «Ça m’a trotté dans la tête et j’ai voulu qu’ils comprennent mieux le sens du mot «différence»», explique l’enseignante.

C’est ainsi qu’elle décide de concevoir une journée où les jeunes se mettront «Dans la peau d’Elliot» afin de mieux comprendre sa situation et sa réalité. Après l’approbation de la démarche par ses parents, les élèves ont vécu une panoplie d’activités avec un regard neuf.

Port de lunettes, dont la vision a été trafiquée, découpage et ballon chasseur avec un bras en moins, marche avec un seul soulier (sur la pointe des pieds s.v.p.): tout a été orchestré par Mme Marchand pour leur donner un aperçu du quotidien de leur compagnon.

Plus qu’une expérience, une réflexion de groupe

«Au début, les élèves étaient contents de participer: ils voyaient cela comme un jeu. Ils ont cependant réalisé que les tâches demandaient davantage d’efforts, plus la journée avançait», raconte Guylaine Marchand.

D’ailleurs, le principal intéressé a trouvé l’exercice bien rigolotte, «pour lui rien ne changeait». Sa maman, elle, s’est dite contente de l’expérience et bien touchée par la solidarité de Mme Marchand.

«Une journée c’est bien, mais les jeunes oublient vite. On regarde pour pouvoir renouveler l’expérience à nouveau avec la direction», souligne l’enseignante.

Si cette journée n’a pas fait de miracle, les élèves et certains enseignants ont fait un pas de plus dans la compréhension et l’acceptation des différences. «Restera aux élèves à poursuivre leur réflexion en dehors de l’école. Elliot, nous te remercions d’être là pour nous faire grandir», conclut Guylaine Marchand.