Yves Bellemare: l’homme de fer

À Hérouxville, au bout du chemin de la Chute, Yves Bellemare est reconnu comme le soudeur du village.

Mais ce conseiller municipal mène depuis une dizaine d’années une double vie sous le nom d’artiste de Le Marteau Mimir, du nom d’un personnage d’une légende germanique – Mimir – qui forge une épée magique pour le cavalier Siegfrid.

Depuis le début du mois de mars, Yves Bellemare lève le voile sur cette facette méconnue de son travail en exposant une dizaine d’œuvres à la Bibliothèque Marielle-Brouillette, à Saint-Tite.

La pièce de résistance de cette exposition est sans aucun doute ce spectaculaire cheval cabré. Sur une hauteur de neuf pieds, tout en lanières de métal, soudées les unes aux autres dans un savant assemblage qui lui donne un air massif et léger tout à la fois, Le cheval du ferrailleur a été créé en moins de deux semaines, spécialement pour l’événement.

Sous ses outils, le fer devient un matériau souple qu’il marie avec d’autres matières comme la pierre ou le bois. Il en résulte de pures créations comme un héron à la tête et au bec de bois, une harpe surmontée de tiges de bambou, une guitare, un bonsaï, un inukshuk, un coq à la crête en fils de cuivre, un bouquet de fleurs, une grappe de raisins fabriquées à partir de bearings, etc.

Chaque pièce est accompagnée d’un court texte signé par Yves Bellemare, expliquant en un phrasé poétique le sens caché de l’œuvre. Imprégnée de symbolisme, à la limite naïve, la démarche créatrice de Yves Bellemare est à mi-chemin entre celles de l’artiste et de l’artisan.

Il y a chez lui le savoir faire inné des patenteux mais enrobé d’un sens esthétique qui procure une dimension unique à ses assemblages ferreux. Même si elle n’intervient pas dans l’étape de fabrication, Yves Bellemare n’hésite pas à mettre en lumière la contribution de sa conjointe, Doris Périgny. Celle-ci l’accompagne tout au long du processus de création par des commentaires et des conseils qui viennent teinter le résultat final.

L’enclume et le marteau

L’adolescent a grandi à Shawinigan en observant et imitant son père, manipulant l’enclume et le marteau jusqu’au temps où ceux-ci sont devenus une extension de ses propres membres. Patient, l’homme a ensuite perfectionné sa technique en fabriquant, soudant et réparant sur une base industrielle des centaines de rampes d’escaliers et autres objets utilitaires. L’histoire aurait pu s’arrêter là jusqu’au jour où à l’aube de la quarantaine, Yves Bellemare crée pour son propre plaisir un lit à baldaquin. Exposée dans une foire commerciale, la structure fait sensation à tel point que les commandes afflues. Fini l’assemblage en ligne des structures anonymes, le créateur prend le dessus sur l’ouvrier. Yves Bellemare fabrique encore aujourd’hui des rampes d’escaliers et des clôtures en fer forgé mais celles-ci, en plus d’être des pièces utilitaires dans une maison ou dans un jardin, sont de véritables bijoux artistiques. Dans les prochaines semaines, le forgeron de Hérouxville s’attaquera à une nouvelle pièce: créer un cheval grandeur nature à l’aide de fers à cheval. Avis aux intéressés, il lui en faut environ 500 estime-t-il… Pour en connaître plus sur le travail artistique d’Yves Bellemare, visitez son site web: http://forgeartisanale.com