Comptoir alimentaire: La solidarité au temps du coronavirus
SOLIDARITÉ. La crise provoquée par le coronavirus (COVID-19) a généré un élan de solidarité sans pareil à Shawinigan afin de préserver la chaine du recours alimentaire en dépit des restrictions imposées par le gouvernement pour contenir la propagation du virus.
«Une belle solidarité s’est installée. On travaille vraiment ensemble», se réjouit Sylvie Gervais. La semaine avait cependant mal débuté pour la directrice générale du Centre d’action bénévole (CAB) de Grand-Mère alors que la Ville de Shawinigan avait annoncé le 16 mars la fermeture de tous ses édifices municipaux, y compris ceux abritant les comptoirs alimentaires de Saint-Georges/Lac-à-la-Tortue et de Grand-Mère.
«J’ai mal dormi en pensant aux gens qui en dépendaient, mais dès le lendemain, la Ville s’est ravisée. Elle nous a même prêté des étudiants parce que nous manquions de bénévoles pour offrir le service.» Car en imposant une quarantaine aux aînés de 70 ans et plus, le gouvernement Legault prive les CAB d’un bassin de bénévoles précieux.
Par le biais de son agent communautaire, Réjean Veillette, le CIUSSS MCQ a également communiqué avec les organismes responsables de la distribution alimentaire à Shawinigan pour s’assurer que les ressources humaines étaient en quantité suffisante pour assurer le bon roulement des opérations.
Parallèlement, le CAB de Grand-Mère a instauré un nouveau système de cueillette dans ses deux comptoirs pour respecter les règles d’hygiène recommandées par la santé publique. Alors qu’auparavant, les bénéficiaires remplissaient eux-mêmes leur panier, cette fois-ci, il est préparé par les bénévoles et un rendez-vous lui est fixé afin qu’il vienne le chercher directement.
Tout roule au Centre Roland-Bertrand
Responsable de la distribution alimentaire dans les secteurs de Shawinigan, Shawinigan-Sud et Saint-Gérard, le Centre Roland-Bertrand (C.R.-B.) a également adopté des règles similaires. Alors qu’une vingtaine de personnes pouvaient se trouver simultanément dans le local de Partage Centre-Mauricie, sur la rue Viger, on n’en autorise plus qu’une seule à la fois maintenant. «Quand elle arrive, le panier est déjà préparé pour elle. Il est déposé sur une table et dès qu’elle repart, nous nettoyons la table», indique Frédéric Trudelle, directeur général du C.R.-B.
Pour faire face au COVID-19, l’organisme s’est résigné à fermer ses deux tablées populaires. «Si on voulait respecter la norme d’un mètre de distance par personne, nous n’aurions pu aider grand monde. Et c’était aussi compliqué dans les cuisines», poursuit l’organisateur communautaire. Les deux points de service servaient environ 120 repas par jour, majoritairement des gens qui utilisaient déjà les services du comptoir alimentaire.
«C’est certain que ça créer une pression additionnelle à Partage Centre-Mauricie. C’est une des raisons pour laquelle nous avons dû piger depuis le début de la crise dans notre réserve de nourriture que nous avons toujours en début d’année après la campagne des paniers de Noël.»
Notons que l’Armée du Salut offre également un service de comptoir alimentaire. Pris de court la semaine dernière par la propagation soudaine de la crise, l’organisme n’a pu rendre le service, mais il prévoyait un retour à la normale cette semaine.
Une augmentation des besoins sont à prévoir
Responsable du Comité de sécurité alimentaire de Shawinigan, la Corporation de développement communautaire (CDC) du Centre-de-la-Mauricie est extrêmement satisfaite de la réponse de ses partenaires à la crise du COVID-19.
«Cela a été le branle-bas de combat, mais la distribution alimentaire s’est poursuivie en dépit des restrictions», se félicite Marie-Pier Drouin. La directrice générale de la CDC rappelle toutefois que la guerre est loin d’être gagnée. «Des défis sont à venir avec une probable augmentation de la demande à court et moyen terme», craint-elle.
Ce qui l’emmène à cette prédiction, c’est la fermeture des tablées populaires de Shawinigan et Grand-Mère qui fournissaient des dîners à des centaines de personnes démunies. Forcément, celles-ci se tourneront vers les comptoirs alimentaires pour s’alimenter.
Autre évidence, des centaines de travailleurs rémunérés au salaire minimum se retrouveront au chômage suite à la fermeture temporaire de plusieurs commerces dans les derniers jours. «Ces gens vont se retrouver en précarité et plusieurs d’entre eux auront recours aux banques alimentaires», estime Marie-Pier Drouin.
Un constat partagé par Frédéric Trudelle qui ajoute que l’approvisionnement alimentaire elle-même sera sous pression. «S’il vient qu’à manquer de nourriture à Banques alimentaires Canada, ça va se répercuter chez Moisson Mauricie, et indirectement jusqu’à nous. Et puis si les gens continuent à vider les étagères des épiceries comme c’est le cas présentement, il va y en avoir nécessairement moins pour nous», termine le directeur général du Centre Roland-Bertrand.
Comptoirs alimentaires
- Saint-Georges/Lac-à-la-Tortue: 50 familles/personnes deux fois par mois
- Grand-Mère: 70 familles/personnes quatre fois par mois
- Shawinigan: 160 familles/personnes par semaine
Popotes roulantes
- CAB de Grand-Mère: 60 personnes par semaine
- CAB de Shawinigan: 150 personnes par semaine