COVID-19: Loin des yeux, près du cœur

FAMILLE. Pierre Giguère savait déjà qu’il allait célébrer l’anniversaire de son fils à distance, mais jamais dans les circonstances déchirantes occasionnées par le coronavirus.  

«On a pris une décision familiale que c’était mieux pour lui qu’il reste là-bas», raconte-t-il en entrevue téléphonique en parlant de son garçon Dannick. Le jeune homme, qui fêtera ses 22 ans le 22 avril, est présentement en Suisse où il termine sa formation universitaire.

Dans le branle-bas du mois de mars alors que le gouvernement demandait à tous les Canadiens à l’extérieur du pays de revenir avant qu’il ne ferme ses frontières, l’ex-député de Saint-Maurice et son épouse Josée Rivard ont décidé qu’il valait mieux que Dannick demeure dans la famille qui l’accueille depuis août 2019.

«Ma conjointe a travaillé longtemps dans les agences de voyages et elle sait que les aéroports peuvent être des nids à microbes. Il allait être plus en sécurité en Suisse qui a un des meilleurs systèmes de santé au monde. En plus, sa famille d’accueil ne voulait pas qu’il parte.»

Toute rationnelle qu’elle soit, la décision n’est pas sans déchirement pour la famille Giguère. «On se parle presque tous les jours par Facetime. On veut savoir comment il gère la situation, s’il est angoissé ou non», poursuit l’agriculteur du secteur Shawinigan-Sud.

La Suisse compte présentement un peu plus de 250 morts causés par le COVID-19. Elle impose des restrictions, mais pas encore le confinement total. «Wil est une petite ville de banlieue comme l’était Shawinigan-Sud. Avec deux amis, ils vont jouer au soccer, mais il respecte les règles. Les gens qui l’hébergent nous envoient régulièrement des photos de leurs activités. Moralement, ça nous fait du bien.»

Cette famille d’accueil a d’ailleurs rassuré les parents shawiniganais que dans l’éventualité que la crise se prolonge, Dannick demeurerait avec eux le temps qu’il faudra. «On ne le dit pas quand on se parle, mais le mois de juin où il devait être de retour, ça s’en vient vite. Qu’est-ce qui va se passer si la situation devait s’éterniser, que les compagnies aériennes ne reprennent pas les vols? Est-ce qu’on va devoir aller le chercher en chaloupe», lance Pierre Giguère pour traduire son inquiétude.

D’ici à ce que la situation s’améliore, l’ancien conseiller municipal et sa conjointe se rappellent précieusement le temps qu’ils ont pu passer avec leur fils en décembre dernier lors d’un séjour d’une semaine en Suisse. «Sa sœur Marika devait aller le rejoindre en mai, mais évidemment, tout est tombé à l’eau», termine-t-il.