De retour au pays, un Shawiniganais critique la désorganisation du Canada

RAPATRIEMENT. Un Shawiniganais tentant désespérément de revenir au Canada depuis trois semaines atterrira ce soir vers 21h à Montréal non sans entretenir un lot de critiques envers le gouvernement fédéral.

En périple autour du monde depuis juillet 2019, James Bourassa était au Salvador, en Amérique centrale, lorsque la pandémie du COVID-19 est devenue mondiale. Depuis le début du mois de mars, il a multiplié les démarches depuis pour regagner le pays dès que celui-ci a commencé à lancer des appels en ce sens à ses ressortissants canadiens.

« Il avait réussi à avoir un billet de retour avec son assurance voyages mais le Salvador a été l’un des premiers à fermer ses frontières et ses aéroports. Le vol a été annulé », explique sa mère Josyanne Lefebvre en entrevue téléphonique avec L’Hebdo.

Âgé de 26 ans, ce bachelier en Finances de l’Université de Sherbrooke a ensuite appelé au numéro mis à la disposition de tous les Canadiens à l’extérieur pour s’enregistrer. « Il lui ont dit de se tenir prêt il y a quelques jours, qu’un vol pourrait probablement partir lundi (30 mars). Dimanche matin il n’avait toujours pas de nouvelles mais un peu plus tard dans la journée, ils lui ont dit que le départ aurait lieu à 14h. »

Un avion surréservé…

Au Salvador, James Bourrassa demeurait dans un secteur éloigné avec une famille de Québécois où sa santé était relativement protégée d’une éventuelle infection au coronavirus.  Arrivé à l’aéroport de San Salvador vers midi, le Shawiniganais apprend avec stupeur que l’avion a été « overbooké » d’au-delà de 40 voyageurs.

C’est que dans ses multiples opérations de rapatriement, le Canada a confié ce mandat à l’externe à la firme HRG Worldwide. Difficile de  déterminer si la surréservation est une pratique courante dans leur cas mais dans les circonstances actuelles, c’est carrément inacceptable comme situation déplore James Bourassa.

Dans un texte écrit et envoyé à sa mère alors qu’il était en attente à l’aéroport à savoir s’il obtiendrait un siège dans l’avion, le Shawiniganais souligne qu' »étant donné qu’il s’agit d’un vol humanitaire de rapatriement organisé spécialement pour ramener les Canadiens au pays en raison de la crise que nous vivons. Que la réservation n’est pas ouverte au public et que la réservation se fait en direct par téléphone avec l’agent.

Il y a une énorme négligence de la part du gouvernement du Canada dans la gestion et les mesures prises concernant cette crise et l’ampleur de la situation. L’agence de réservation a commis l’erreur, mais il incombe au gouvernement du Canada de redoubler de diligence dans la procédure pour s’assurer qu’aucune erreur de ce genre ne soit commise. »

James Bourassa a finalement obtenu le dernier laissez-passer pour monter à bord et au moment d’écrire ce texte, son avion s’envolait en direction de Montréal. Malgré la joie de revenir au pays, le sort de 40 Canadiens laissés en plan à l’aéroport suscite la colère en lui.

D’autant plus que plusieurs d’entre eux avaient quitté leur hôtel de la capitale pour prendre le vol et que les hôteliers refusent maintenant qu’ils réintègrent leur chambre, de peur qu’ils aient été contaminés. « Tous ces gens-là ont été exposés au virus. Ils ne savent plus où rester. C’est inhumain comme situation », lance Josyanne Lefebvre qui, bien qu’heureuse de revoir son fils dans les prochaines heures, partage son désarroi quant aux autres laissés derrière.

Fier d’être Canadien mais…

Dans sa lettre, James Bourassa écrit : « Ce message s’adresse donc aux personnes que j’ai laissées à l’aéroport, à moi-même, à vous et à tous les Canadiens. Normalement, je ne poste pas de drames comme celui-ci sur les réseaux sociaux. Mais étant vivant dans cette situation, heureusement capable de rentrer chez moi mais de laisser des Canadiens derrière.

Je devais m’exprimer. Je suis fier d’être Canadien … et j’aimerais pouvoir encore le dire à l’avenir. En tant que Canadiens, nous devons apporter un changement. »