Tourisme Shawinigan: une crise pour se réinventer

TOURISME. «Nous aurons une saison touristique, mais nous ne pourrons l’évaluer avec les indicateurs habituels de fréquentation, de retombées économiques. Je pense par contre qu’elle pourrait rester dans les annales collectives pour la capacité qu’on aura eu à se réinventer», lance Valérie Lalbin.

Confinée chez elle depuis sept semaines, la directrice de Tourisme Shawinigan a tout fait, sauf chômer pendant cette période. «Ça m’a permis de faire une réflexion de fond, de remise en question», dit-elle au bout de l’écran Facetime. Avec les membres de son équipe, elle parle régulièrement et individuellement depuis la mi-mars avec les entreprises qui composent l’industrie touristique shawiniganaise.

«Ce sont des gens d’opération. Alors, il y en a qui sont dans la panique et la peur, mais plusieurs sont maintenant dans l’esprit de la remontée. Notre rôle dans les dernières semaines, ça a été de leur offrir notre recul pour anticiper ce qui va arriver avec un mélange d’expertise, d’intuition et d’observation», note celle pour qui il était hors de question de faire le dos rond pendant la crise et se poser des questions au moment de ressortir. «Il fallait qu’au moment du déconfinement, nous ayons déjà une vision définie à offrir à nos membres.»

«Le parc national, c’est un joyau. On compte beaucoup sur la réouverture de ce produit-là qui est un joyau pour Shawinigan, la Mauricie et le Québec.» – Valérie Lalbin

Dans sa réflexion, Valérie Lalbin devait composer avec une réalité implacable: il n’y aura pas de festivals, ni de spectacles à présenter cet été. «On a un produit gruyère en ce moment à offrir. Alors, il faut se demander qu’est-ce qu’on a depuis toujours, mais qu’on n’a pas mis de l’avant de façon organisée jusqu’à maintenant: c’est le produit plein air et nature. Il est omniprésent ici même si les Shawiniganais ne le connaissent pas, ne le consomment pas forcément.»

Tourisme de proximité

Pour la directrice de Tourisme Shawinigan, la prochaine saison devra donc être basée sur un tourisme de proximité. «Une proximité géographique puisque la clientèle internationale ne sera pas là, mais on ne doit pas oublier qu’on peut être aussi un touriste chez soi. Mais aussi une proximité avec les gens qu’on aime dans des lieux où on se reconnecte, avec la nature qui est l’un des points forts de Shawinigan.»

Valérie Lalbin croit que cette crise est une opportunité pour les entreprises touristiques de repenser leur produit et leur offre. «Il faut rebâtir des contenus qui font du sens avec des gens de chez nous, des producteurs de chez nous, des artisans de chez nous, des histoires de chez nous et des aventures de chez nous.»

Dans sa stratégie pour se distinguer lors de la prochaine saison, Tourisme Shawinigan compte beaucoup sur la réouverture du parc national de la Mauricie.

C’est ainsi qu’avec son équipe, elle est à finaliser le concept des micro-aventures qui sera le fer de lance de la prochaine saison. «Nous sommes en train de réunir des hôteliers, des restaurateurs, des producteurs pour offrir des paniers apéros que les visiteurs pourront aller consommer en plein air dans les lieux qui leur seront suggérés.  On veut aussi intégrer des éléments de l’imaginaire et du fantastique dans le concept puisque ça fait partie aussi de notre offre touristique locale.»

Enfin, pour offrir une offre rassurante et sécuritaire en terme sanitaire aux visiteurs, Tourisme Shawinigan entendu distribuer à ses partenaires des masques à l’effigie de À Shawi pour qu’ils les remettent aux employés qui travailleront en première ligne. «Les touristes sentiront le côté sociale et solidaire de notre communauté. Je suis persuadé que ce qu’on va construire cette année va durer dans le temps. Nos microaventures pourront continuer à être présentées aux clientèles internationales et aux Québécois dès l’an prochain lorsque la tempête sera derrière nous», affirme-t-elle.

Des entreprises fragilisées, des entreprises inspirées

Au fil de ses entretiens des dernières semaines avec ses partenaires de l’industrie, Valérie Lalbin en a tiré deux constats qui l’ont ébranlée.

«Certaines entreprises avaient perdu de vue leur mission ou bien pire, elles n’en avaient tout simplement pas. Si tu es dans le tourisme uniquement pour faire du cash et qu’une crise comme celle-là survient, tu es perdu.»

Cette raison d’être qui est souvent à l’origine de l’entreprise, c’est sa colonne vertébrale, celle qui lui permettra de ressortir plus fort de cette période d’incertitude. «Nos partenaires qui entrevoient la sortie de crise avec de nouvelles idées, ce sont ceux qui avaient déjà une idée très claire de comment faire les choses. Ils connaissaient déjà l’importance de donner une plus-value à leurs produits, à leur offre.»

L’autre constat établi par la directrice de Tourisme Shawinigan: il y aura inévitablement des fermetures. «J’ai été effaré par la fragilité des entreprises de notre industrie. Et on dira tantôt que c’est la crise sanitaire qui aura causé leur perte, mais elle n’aura fait que la précipiter. Si tu offres le même produit que trois de tes voisins, ce n’est pas ce qu’on appelle une identité forte et puissante», termine Valérie Lalbin.