Au-delà du mythe de Mon fantôme d’amour…
ARGILE. Il y a un je-ne-sais-quoi qui rappelle le bonheur en pénétrant dans l’atelier du chemin des Pionniers. Sans doute la présence de ces chaises colorées, cette boue séchée sur le plancher, ce désordre sympathique sur les étagères, mais surtout, cette odeur de glaise humide.
«Ça nous rappelle un peu notre enfance quand on s’amusait avec de la pâte à modeler», nous vient en aide Annik Doucet lorsqu’on tente de faire remonter ce souvenir à la surface.
La céramiste-potière de Sainte-Flore pelote l’argile depuis maintenant vingt ans. Bien qu’elle fabrique quelquefois des urnes funéraires et accepte occasionnellement des contrats avec des établissements comme Le Zélé, Ent’2 Tranches et Brûlerie Mékinoise, Annik Doucet préfère par-dessus tout transmettre sa passion aux enfants et aux adultes.
Pour la plupart, ces derniers ne connaissent de la poterie que la scène mythique de Mon fantôme d’amour. «Après le premier cours d’initiation de trois heures, la moitié de mes élèves me disent qu’ils ne pensaient pas que c’était aussi difficile, mais plusieurs persistent et reviennent.»
Comme une pâte à pain, l’argile a besoin au début d’être pétrie plusieurs minutes pour en chasser l’air. Il y a ensuite le modelage de la pièce au tour ou à la main. Comme un ébéniste qui passe le rabot ou le papier sablé sur sa pièce de bois pour en arrondir les angles, le potier doit aussi parfaire sa pièce avant d’y apposer le glacis mat qui deviendra lustré comme par enchantement. C’est ce que la céramiste appelle la magie de la cuisson. «Fabriquer une pièce dans laquelle tu vas manger, ça fascine toujours», sourit Annik Doucet.
«Il y a beaucoup d’étapes à respecter avant d’arriver au résultat final et chacune d’elle a son importance. Quand le peintre fait une toile, s’il n’est pas content, il rajoute des couleurs. Avec la céramique, une fois que c’est au four, tu ne peux plus rien faire», poursuit celle qui donne des formations depuis déjà 2005. «Je me suis rendu compte avec le temps que j’aime mieux le côté pédagogique de la poterie, transmettre mon art. C’est valorisant», raconte-t-elle.
La Shawiniganaise aime à dire qu’elle apprend à ses élèves à mentir. «Quand il fait une pièce et qu’elle se déforme, je lui dis: »Oh, le beau porte-cuillère. La belle passoire. » Quand on fait de la poterie, il faut savoir s’adapter.»
Et ils sont de plus en plus nombreux à s’y mettre. Aux classes d’élèves qu’Annik Doucet va visiter avec son tour, plusieurs particuliers et groupes viennent apprendre et s’amuser à son atelier de Sainte-Flore. Comme ces membres du SANA (Service d’accueil aux nouveaux arrivants) de Shawinigan et le personnel de Tourisme Shawinigan par exemple qui étaient de passage récemment. «Les gens aiment l’expérience généralement, c’est très convivial comme formation», raconte celle qui prône avant tout l’apprentissage plutôt que la productivité.
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