De moulin à papier à musée à ciel ouvert

ARTS.   Les plus spectaculaires graffitis qui tapissent les ruines de la Belgo seront au cœur d’un livre d’art qui sera lancé cet automne.

Les artistes Cyndie Lemay et Greg Cusson sont derrière ce projet qui se veut un croisement entre la revue Le Sabord et le magazine Urbania. « Bien qu’on y retrouvera des photos anciennes, ça ne sera pas un livre historique. L’idée c’est de documenter qui s’est passé ici les quatre ou cinq dernières années. Les graffeurs ont véritablement pris possession du site pendant la période Covid », explique Greg Cusson qui arpente les lieux régulièrement depuis trois ans tandis que sa collègue Cyndie Lemay l’avait découvert quelques années auparavant.

Les deux instigateurs signeront la majorité des photos du livre tandis que les textes seront de Paul Dallaire, poète et enseignant retraité du Cégep de Shawinigan, et Marie-Jeanne Decoste, une artiste multidisciplinaire de Saint-Justin, dans la MRC de Maskinongé.

« Les deux sont venus visiter site pour s’en imprégner et leurs textes témoigneront de ce qu’ils ont ressenti. » Il est question également d’une courte bande dessinée signée par André Trudel, bien connu comme brasseur et un des cofondateurs de la microbrasserie du Trou du Diable.

Évidemment, la pièce maîtresse des ruines de la Belgo, la mégasculpture trônant au milieu d’un des bassins d’épuration, près du sentier Thibodeau-Ricard, aura sa propre section dans le futur volume. « Nous sommes en contact avec Julien – le véritable prénom de l’artiste anonyme Junko –  et il nous fera parvenir un texte pour expliquer sa démarche artistique et comment il est arrivé ici à Shawinigan », raconte Greg Cusson.

Révélée par un reportage de L’Hebdo du Saint-Maurice en janvier 2021, cette sculpture, conçue avec des rebuts recueillis sur place, est toujours débout plus de 18 mois après sa création même si elle avait été créée dans une perspective éphémère.

Campagne de sociofinancement

Cyndie Lemay et Greg Cusson avaient déposé un dossier au Conseil des arts et des lettres du Québec dans l’espoir d’obtenir du financement pour mener le projet à terme, mais la demande a été refusée.  La déception passée, ils ont décidé de le poursuivre en démarrant une campagne de sociofinancement sur La Ruche Mauricie.

« L’objectif, c’est de couvrir les frais d’impression du livre. On va donc offrir aux gens l’opportunité de nous appuyer en achetant le livre en prévente. Il va aussi y avoir des chandails et d’autres objets promotionnels associés au projet », explique Greg Cusson qui était à finaliser les derniers détails de la campagne au moment où nous l’avons rencontré. Tous les coûts ne sont pas encore calculés mais pour le moment, le livre à couverture souple se détaillera aux alentours de 20$.

Le lancement aura lieu au 462 sur la rue Tamarac le dernier week-end de septembre lors des Journées de la culture. Mais dès le 11 août, dans le cadre de l’événement Interzone au centre-ville de Shawinigan, il y aura projection en première de Belgo, un court métrage mené en parallèle avec la préparation du livre. « Nous avons des images du site filmées par un drone avant que les murs de l’ancienne usine ne soient détruits. »

Lors du lancement, des photos incluses dans le livre ainsi que des images inédites seront projetées sur des supports rétroéclairés. Greg Cusson y présentera également une sculpture réalisée avec des rebuts métalliques ramassés sur le site. « Je ne veux pas laisser l’œuvre de Junko seule sur notre territoire. Il faut qu’elle soit accompagnée », termine-t-il.