Goldstyn: derrière le crayon

DESSIN. L’illustrateur Jacques Goldstyn est en vedette au sein de deux expositions gratuites du côté de Shawinigan. Dans le cadre du Festival interglacial de la BD et des univers givrés, le créateur a inauguré ses œuvres, inspirées par l’actualité et ses réflexions sur la vie.

On l’a connu grâce à Beppo, la grenouille et mascotte des Débrouillards. Cependant, Jacques Goldstyn rayonne bien au-delà du magazine jeunesse. Allumé et désirant susciter une réflexion, l’artiste utilise son crayon depuis plus de trente ans pour passer ses messages.

Jusqu’au 20 février, le bédéiste expose plusieurs œuvres du côté du foyer du Centre des Arts, de même qu’à la bibliothèque Bruno-Sigmen de Shawinigan-Sud.

«Ce que j’aime dans la caricature, c’est moins de faire un dessin au jour le jour sur tel député, tel ministre ou telle situation, que de miser sur des caricatures qui vont vivre un peu plus longtemps», mentionne Jacques Goldstyn.

Par exemple, la collusion en politique, les changements climatiques ou encore la religion sont autant d’éléments qui nourrissent son travail. L’artiste dit souvent partir d’une idée pour en venir à un croquis.

«La commission Charbonneau par exemple, on avait un monsieur trottoir, un monsieur 3%, tout le monde s’était mis de l’argent dans les poches dans les fonctionnaires, mais on a accusé les Italiens d’être responsables…» Voilà! Une caricature était née.

Les attentats de Charlie Hebdo à Paris, la politique étrangère ou l’austérité économique sont autant de sources de création pour ce passionné. «Les assassinats à Charlie Hebdo, j’y pense tous les jours! C’est une question de religion et on ne sait pas comment l’aborder, comment les gens vont réagir face à ça. Moi je suis athée, mais je suis pour la liberté d’expression et, en ce sens, mes dessins sur le sujet me touchent.»

Un défenseur de la liberté d’expression

La quarantaine d’œuvres inclut dans l’exposition du Centre des Arts a paru dans des publications comme Relations, L’Aut’Journal, le Couac ou bien la Gazette de la Mauricie, tandis que l’exposition présentée à la bibliothèque Bruno-Sigmen propose son travail avec Curium, le magazine pour adolescents qui fait suite aux Débrouillards.

«Souvent, j’ai mes meilleures idées pendant la nuit. Au matin, je raconte le tout à ma femme et, si elle éclate de rire, je sais que je tiens quelque chose.»

Qu’il s’adresse aux jeunes ou aux plus grands, l’artiste a toujours ce désir de vulgariser et de rapprocher les gens. «Déjà avec mon public des 9 à 14 ans, je constate que les jeunes sont conscientisés à la politique. Ils ne comprennent pas tous les aspects, mais on peut leur expliquer un élément sur l’égalité, la consommation ou l’environnement et ils vont le saisir.»

Règle générale, le bédéiste se dit bien sensible à l’injustice sociale. «L’avarice, spécialement, ça me révolte. Les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres. Pour moi, c’est une maladie», soutient celui qui s’exprime mensuellement sur le sujet par le biais du Comité de solidarité de Trois-Rivières.

Prolifique, Jacques Goldstein est aussi derrière les contes Le petit Tabarnak et L’Arbragan. Ce dernier ouvrage dépeint les péripéties d’un jeune solitaire qui a pour un ami Bertolt, un arbre.

L’illustrateur compte d’ailleurs donner vie à son histoire du côté du Jardin botanique de Montréal à compter du 26 février. À l’aide de millier de gants esseulés et amassés dans les écoles de la métropole, il habillera un grand chêne afin de dévoiler un portrait artistique saisissant.

«J’aimerais transposer ce projet ailleurs. Pourquoi pas à Shawinigan!», a lancé l’artiste. Après l’arbre à paparmanes de Saint-Élie-de-Caxton, assistera-t-on prochainement à l’arbre à gants du côté de Shawinigan?