Hélène Lafontaine: gardienne des œuvres d’Ozias Leduc

ARTS.  Joyau du patrimoine religieux et artistique québécois, les œuvres d’Ozias Leduc de l’église Notre-Dame-de-la-Présentation ont fait l’objet en janvier de travaux de restauration et c’est à une artiste shawiniganaise que le mandat a été confié. 

Hélène Lafontaine est bien connue des amateurs fréquentant les symposiums de peinture, mais peu sont au courant de ses talents pour la restauration d’œuvres grands formats. En fait, lorsqu’elle a rangé ses échafauds au début du mois de février, c’est la quatrième fois depuis 2004 qu’elle intervenait sur les fresques du célèbre peintre de Mont-Saint-Hilaire.

« À l’époque, la directrice du Comité de protection des œuvres d’Ozias Leduc, France St-Amant, connaissait mon expérience comme muraliste, mes œuvres grands formats et ma capacité de travailler sans crainte en hauteur », raconte Hélène Lafontaine rencontrée dans son atelier à Shawinigan. C’est elle aussi qui avait restauré la fresque de l’église Saint-Paul à Grand-Mère lorsque celle-ci avait été détériorée suite à des dégâts d’eau en décembre 2016.

À l’église Notre-Dame-de-la-Présentation, son talent avait été sollicité antérieurement dans le jubé et dans le hall d’entrée, mais cette fois-ci, son intervention était requise sur les murs du chœur de l’église où de grandes croûtes de plâtre étaient en train de se détacher en raison de problème d’infiltration d’eau et d’humidité. « C’était moins endommagé cette fois-ci qu’en 2016 », souligne toutefois Hélène Lafontaine.

Restaurer des œuvres datant de près de 80 ans – Ozias Leduc et son assistante Gabrielle Messier ont travaillé sur ces fresques de 1942 à 1955 – n’est pas chose simple. Le réputé peintre travaillait notamment à l’origine avec des peintures mates à base d’huile. La couche de fond appliquée sur le mur de plâtre était de couleur ocre, mais selon qu’elle ait été exposée ou non à la lumière ou de source de chaleur, elle présente aujourd’hui différentes nuances qu’Hélène Lafontaine doit recréer.

« Le type de peinture utilisé à cette époque ne se fait plus. J’ai trouvé une peinture à l’eau hybride qui adhère à la peinture à l’huile, qui présente un fini mat et dont le pigment est stable pour pouvoir durer des années », explique la Shawiniganaise qui avait eu la brillante idée en 2004 de conserver toutes les recettes de couleurs utilisées lors de sa première intervention sur les œuvres d’Ozias Leduc.

Hélène Lafontaine dans son atelier à sa résidence de la rue Bellevue, à Shawinigan.

Un travail stimulant

Décédé quelques mois avant la fin de son œuvre en 1955, le peintre utilisait aussi beaucoup la technique du marouflage qui consiste à entremêler deux couleurs directement sur les murs. « Ça créer un effet vaporeux, un peu céleste. C’est sûr que ça demande d’être familier avec cette technique pour faire ce mandat. Il faut bien sûr regarder pour la couleur, mais la brillance aussi. C’est un fini très mat qu’on retrouve là-bas », souligne celle qui a acquis son savoir-faire en matière de restauration de façon autodidacte.

« C’est très stimulant d’intervenir à l’église Notre-Dame-de-la-Présentation. C’était très avant-gardiste ce qu’Ozias Leduc a fait ici en peignant dans une église des draveurs, des ouvriers de l’aluminium. Ça nous ressemble. On dit de lui que c’était un peintre religieux, mais c’était avant tout un artiste », s’exprime-t-elle.

Notons que les interventions de l’artiste shawiniganaise se limitaient aux fresques peintes sur les murs de plâtre. Les œuvres d’Ozias Leduc sur les toiles de jute, classées biens culturels dès 1975 par le gouvernement du Québec, ne pourraient être retouchées que par des restaurateurs spécialisés.

Maintenant que ce mandat est terminé, Hélène Lafontaine se prépare en vue de la prochaine saison estivale où déjà une douzaine de symposiums sont à son programme.  Pour en connaître plus sur l’artiste, consultez son site web www.helenelafontaine.com