Jonathan Desbiens: de Val-Mauricie à Los Angeles
VIDÉO. Il en a coulé de l’eau sous les ponts de la rivière Saint-Maurice depuis que Jonathan Desbiens s’amusait à filmer les acrobaties de skate de ses amis à Val-Mauricie et la réalisation d’une pub d’Under Armour aux États-Unis mettant en vedette Cam Newton (football), Lindsey Vonn (ski alpin), Jordan Spieth (golf), Anthony Joshua (boxe) et Misty Copeland (ballerine)…
Le Shawiniganais n’est pas un nom tellement connu du public parce que sa carrière se déroule partout sur la planète, sauf au Québec. Entre les tournages du dernier clip du rocker Jack White, d’une mégastar chinoise (Bibi Zhou) en Islande ou avec le DJ Skrillex en Thaïlande; il réalise des pubs pour Adidas en Chine, Apple au Mexique et Lipton en Afrique.
«J’ai commencé à 13 ans au secondaire à Val-Mauricie en m’amusant avec la caméra mini-VHS de mes parents. C’est comme ça que j’ai appris à filmer, ajuster l’éclairage, faire du montage», se rappelle celui qui est connu sous le nom de Jodeb dans le milieu artistique.
Autodidacte – il a été refusé en cinéma à l’Université Concordia à Montréal – Jonathan Desbiens gagnait déjà beaucoup d’argent à l’âge de 17 ans en réalisant des vidéos promotionnelles pour des entreprises de Shawinigan et Trois-Rivières. «Je n’ai pas vraiment un parcours standard», raconte-t-il en souriant.
Réputé dans le milieu, Jonathan Desbiens a un agent à Los Angeles et un second à Londres qui étudient les projets qui lui sont présentés. Pour réaliser des vidéos clips avec des artistes de calibre international, il peut disposer de budget allant de 200 000$ à 300 000$ mais l’an dernier pour créer une annonce pour Samsung, un montant de 2 millions$ était à la disposition de son équipe.
«Je fais plutôt mon argent avec la pub. J’en fais deux ou trois dans l’année et après, je me consacre aux vidéos clips qui sont moins payants mais où je peux me concentrer sur l’aspect créatif», poursuit-il.
Un parfum et une légende
Car à 33 ans, Jonathan Desbiens n’a pas perdu de vue son rêve de percer dans le monde du cinéma. Membre de la Director Guild of America, tout comme Denis Villeneuve et Jean-Marc Vallée, ses vidéos clips sont d’ailleurs souvent de courts métrages qui racontent une histoire avec des dialogues insérés en parallèle avec la pièce musicale en vedette. «J’ai plus un style américain et européen que québécois, s’autoanalyse-t-il. Les drames familiaux, ce n’est pas mon truc. Il y a pas mal de violence dans mes vidéos.»
Encouragé par un parcours atypique, en dehors des réseaux académiques, qui lui a réussi jusqu’ici, il croit encore que sa bonne étoile l’emmènera un jour sur les plateaux du 7e Art. «La difficulté au cinéma, c’est d’avoir une bonne histoire à raconter. Je travaille encore là-dessus», dit-il avec détermination.
Entre deux voyages, Jodeb habite aujourd’hui à Bécancour. «À la fermeture de la Belgo à la fin des années 2000, mon père est allé travailler à Alma pour Produits Forestiers Résolu. Ma mère qui était au centre fiscal à Shawinigan-Sud a été relocalisée à Jonquière. Ils ont déménagé là-bas avec ma jeune sœur.»
De gros projets sont présentement sur la table du Shawiniganais mais clause de confidentialité oblige tant qu’ils ne sont pas officialisés, il ne peut en parler publiquement. Mentionnons seulement pour mettre l’eau à la bouche qu’il est question d’une publicité tournée en Chine pour un légendaire parfum français et d’un vidéo-clip d’une légende de la musique du XXe siècle aujourd’hui décédée…