Le calvaire de Saint-Élie revampé
PATRIMOINE. La prière de la fabrique de Saint-Élie-de-Caxton a été exaucée, quatre ans après avoir amassé 104 000$ auprès de la population. La restauration de la montagne du calvaire est sur le point d’être achevée. Au-delà de la religion, ce petit miracle, c’est l’histoire de citoyens qui se serrent les coudes pour préserver leur patrimoine.
«Quand j’ai commencé comme marguillère, c’était un vrai désastre en haut, c’était laissé à l’abandon, ça devenait gênant», estime Louise Lafrenière, qui a également été conseillère municipale. Pour ce projet d’envergure, elle a notamment travaillé avec le président Yvon Béland et les autres marguilliers, Jean Arvisais, le curé de l’époque, et le maire du temps, André Garant.
En moins d’un an, l’objectif avait été atteint, signe de l’attachement des citoyens au site. «C’est en partie les anciens de Saint-Élie qui ont donné, tous ceux qui ont grandi avec le calvaire comme moi, mais aussi des citoyens actuels», se souvient-elle.
Un travail de moine
Si plusieurs travailleurs ont mis la main à la pâte pour la réfection complète, c’est au sculpteur de Charette Claude Des Rosiers qu’on a confié le mandat de restauration des monuments religieux. L’artiste Sylvie Daviault a également pris part à une partie du processus, ainsi que le maçon caxtonien Côme Philibert.
Le travail du sculpteur à Saint-Élie-de-Caxton a commencé il y a cinq ans, alors qu’on cherchait à créer un monument en l’honneur du Caxtonien Joseph «Jos Bine» Lachance ayant remporté la toute première Classique internationale de canots de la Mauricie. «C’est ça qui a parti le bal», raconte-t-il.
Décaper, repeindre, réparer, recoller, rafistoler… Claude Des Rosiers a mis plusieurs heures sur chacune des pièces travaillées. Souvent, il a apporté des morceaux à son atelier à Charette, parfois pendant tout l’hiver.
Les pièces finales, qui viendront achever la restauration du calvaire, sont les deux larrons, qui se trouvent d’ailleurs présentement à son atelier. Récupérés en morceaux dans une boîte de carton au sous-sol de l’église, Des Rosiers s’affaire à «ramancher» les pièces de bois sculptées en 1952 par Léo Arbour, sculpteur de Pointe-du-Lac à Trois-Rivières. Les larrons avaient partiellement été restaurés en 1992.
Un travail d’une telle ampleur demande minutie et patience. «Le défi, c’est que je dois respecter les maîtres classiques de l’époque, les Italiens qui ont créé ces sculptures», explique celui qui compte une trentaine d’années d’expérience.
S’il commence à avoir l’habitude de restaurer des monuments religieux, Claude Des Rosiers, dont les oeuvres se retrouvent aux quatre coins de la province, sculpte normalement la pierre selon sa propre interprétation, comme il a pu le faire avec la statue du Père Frédéric au pied de la montagne. «J’ai voulu le faire en mouvement, moins statique», souligne-t-il, satisfait.
Le patrimoine au-delà de la religion
Ce n’est tant pas la spiritualité qui anime Claude Des Rosiers dans le fait de redonner du lustre à ce lieu de pèlerinage, tant que le patrimoine que constituent toutes ces pièces d’art.
«Je trouve ça dommage que ça parte, les vieilles maisons, les vieux bâtiments. Ça me fait mal au cœur chaque fois. Je fais ma petite part pour conserver le patrimoine. Je ne suis pas religieux, mais c’est quelque chose qui nous a marqué, forgé. C’est notre histoire aussi.»
Louise Lafrenière est aujourd’hui très satisfaite de voir le travail pris en charge par Claude Des Rosiers. «Il travaille lentement, il fait ce qu’il a à faire et il est très respectueux de ce qui a été fait avant lui.»
André Garant est du même avis. «Les argents ont été bien dépensés, ça a donné de beaux résultats, je suis très satisfaits de toux ceux qui ont travaillé à la rénovation.»
À quand un circuit touristique religieux?
Au départ, dès l’année suivante, on voulait intégrer le calvaire de Saint-Élie-de-Caxton à un circuit touristique régional où un autobus guidé y aurait trimballé les pèlerins. «Ça fait plusieurs années qu’on en parle. Ces choses-là c’est de longue haleine. Je suis convaincu que d’ici trois ou quatre ans les autobus circuleront chez nous», soutient André Garant.
S’il le projet n’est toujours pas en place, faute de ressources, la municipalité dit que ce projet fait toujours partie de ses aspirations. Le maire actuel, Réjean Audet, en poste depuis trois ans, se veut encourageant. «On voit l’engouement, il faut en profiter pendant que ça passe.»
Il ajoute que la municipalité est très fière du site ainsi revampé. «C’est de toute beauté. Les gens y vont à la marche, à la course, à vélo. La montagne redevient achalandée», s’émerveille-t-il. «Le plus important c’est que la population se la réapproprie.»
Le calvaire de Saint-Élie-de-Caxton
Bien avant Fred Pellerin, l’arbre à paparmanes et la traverse de lutins, Saint-Élie-de-Caxton était connue au Québec pour la montagne de son calvaire. Ce lieu de pèlerinage vieux de plus d’un siècle a été institué par le Père Frédéric, béatifié par Rome en 1988 et sur le point d’être canonisé.
La montagne comprend notamment une petite chapelle, un tombeau, les 14 niches qui composent le chemin de croix et leurs statues respectives, trois grandes croix, dont la plus haute mesure 33 pieds. Tout cet ensemble, ainsi que les murets de pierre, les trottoirs, le filage électrique et les chemins asphaltés, a été retouché.
Passage de Claude Des Rosiers à Saint-Élie-de-Caxton:
– Création du monument de «Jos Bine» Lachance devant l’église
– Création du monument du 150e de Saint-Élie-de-Caxton au garage de la culture
– Restauration du Christ dans l’église
– Restauration des statues de plâtre et des stations du chemin de croix
– Restauration de la Vierge Marie au pied de la montagne
– Restauration de l’intérieur du tombeau du Christ au sommet de la montagne
– Travail du dôme au-dessus du tombeau
– Restauration du Gethsemane
– Création du Saint Élie dans la niche extérieure de l’église
– Création du Père Frédéric en mouvement
– Restauration de la chapelle
– Restauration complète des deux larrons sculptés par Léo Arbour