Le périple de Frédéric Dion raconté avec humour

THÉÂTRE. L’histoire d’un aventurier qui frôle la mort seul au milieu du blizzard l’Antarctique pourrait sembler dense pour un mois de juillet. Fidèle à la douce folie de l’auteur Bryan Perro et du metteur en scène Pierre-François Legendre, le spectacle Antarctique Solo s’avère surtout drôle et léger, tout en laissant une juste place à la morale à retirer d’un tel exploit, ce qui cadre bien avec une sortie familiale au théâtre en plein été.  

Seul sur scène pendant près de deux heures, Rémi-Pierre Paquin offre un Frédéric Dion amusant. Au soir de la première, le 6 juillet, il semblait tout en contrôle de la scène transformée en étendue de neige et de glace.

Sans filet, il assure le déroulement du spectacle assez rythmé, composé de plusieurs tableaux qui abordent différents angles de l’expédition déconstruite en segments pour l’occasion: les vingt minutes dont il dispose pour retrouver son traineau, les préparatifs pour l’aventure, le soutien de la famille, les moments de découragement, les défis quotidiens, les entrevues, le vol en avion pour se rendre en Antarctique, les enjeux financiers, la sécurité et la collaboration avec les Russes, la gestion des besoins primaires, le soleil qui ne se couche jamais, etc.

Tantôt il discute avec un aventurier dans l’avion ou avec un animateur sur un plateau de télévision, tantôt il enregistre des capsules vidéo en plein milieu de l’Antarctique. Parfois il s’adresse directement au public dans des apartés avant de retourner dans un monologue intérieur. Il faut tout de même rester attentif pour bien comprendre à quel moment se situe l’histoire d’un tableau à l’autre puisqu’elle n’est pas racontée dans un ordre chronologique.

Le tout est présenté avec une bonne dose d’humour. À cet effet, le segment où l’aventurier démontre tout son amour à son traîneau, son seul compagnon dans l’aventure, donne droit à un moment particulièrement cocasse et éclaté, qui aura décroché bien des rires dans l’assistance.

Le décor, évidemment tout blanc, évoque bien l’immensité et la froideur de l’Antarctique. On utilise les toiles de fond, qui rappellent les pics de glace, pour projeter des images ou des éclairages qui servent à illustrer un lieu ou les propos de l’aventurier. La musique de Jeannot Bournival vient délicatement appuyer le tout.

Avec cette pièce de théâtre, les spectateurs comprennent mieux les motivations profondes et les doutes d’un aventurier comme Frédéric Dion, qui repousse les limites pour se sentir en vie, au risque de la sienne. À travers quelques numéros délirants, on touche aussi à ce discours plus profond, qui porte à réfléchir sur les rêves et les embûches rencontrées lorsqu’on décide de les réaliser. Un clin d’œil à la fin de la pièce nous montre des images authentiques de Frédéric Dion, qui nous rappellent qu’il s’agit bien d’une histoire vécue.

Sans lourdeur, le spectacle s’adresse à un large public, dont aux enfants qui ont semblé bien apprécier le soir de la première. Le spectacle s’avère une vulgarisation intéressante de l’expédition de Frédéric Dion, qui permet certainement de mieux mesurer l’ampleur de l’exploit de celui qui a défié la mort.

Le spectacle est présenté jusqu’au 19 août les jeudis et vendredis, à 20h30, et les samedis, à 16h et à 20h30, à la Maison de la culture Francis-Brisson dans le secteur Grand-Mère à Shawinigan, après quoi il prendra la route de la tournée pour visiter une vingtaine de salles dans la province.

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Frédéric Dion redécouvre son aventure

L’aventurier Frédéric Dion a participé à l’élaboration de la production, surtout dans les débuts. Le 6 juillet, il découvrait la pièce de théâtre inspirée de son histoire en même temps que le public.

«J’ai eu de belles surprises, c’est fantastique», laissait-il tomber quelques minutes après la première représentation. «Ce que j’ai aimé, c’est le délire, là où ça devient une réalité inspirée de la réalité, qui devient fantastique, cocasse. De voir par exemple l’aventurier danser avec son traineau, l’aimer et lui chanter des chansons, j’ai adoré ça. Il y a aussi une belle couche de morale dans l’histoire qui rejoint chacun. On a tous des rêves, des passions, des défis et des peurs qui nous empêchent souvent de réaliser ces projets. C’est ce qu’on peut voit à travers mon cheminement personnel.»