Les souvenirs d’un pionnier du rock’n roll

MUSIQUE.  Comme un antépisode dans les films, Denis Boulet lançait il y a quelques mois un livre racontant la genèse ayant mené à la création d’Offenbach, le premier groupe de musique rock’n roll au Québec. 

Habitant à Shawinigan depuis 50 ans, Denis Boulet a passé sa vie professionnelle dans les usines de Doral, Cadorette puis de Shalwin, mais sous l’insistance d’un ami (Pascal Gauthier), il s’est ouvert sur ses 10 ans comme musicien professionnel dans le livre Deux baguettes, un banc… Ma route vers Offenbach.

Car évidemment, impossible de ne pas reconnaître les traits et le timbre de voix de Gerry chez l’homme de 78 ans rencontré dans la cuisine de sa jolie maison du secteur Lac-à-la-Tortue. « Pour moi, il est et sera toujours Gérald. On a toujours été très près l’un de l’autre », précise Denis, de 18 mois l’aîné de son frère décédé en 1990.

Le livre retrace les débuts de Denis Boulet comme batteur au sein des Double Tones en 1961, rejoint un an plus tard par son frère… à la trompette. « À cette époque, Gérald n’avait pas la voix qu’on lui connaît. Il avait une voix très fine. On jouait des réels et de la polka », se souvient Le Vieux comme le surnommait affectueusement son frère.  

Les frangins Boulet ont traversé les années 1960 au sein de différentes formations, prenant graduellement un son plus rock au fil du temps. « Nous sommes nés à Saint-Jean-sur-Richelieu, pas très loin  des lignes américaines. On était bilingue et notre rêve, ça toujours été de chanter en anglais. On avait à la maison un vieux radio qui captait les chaînes américaines. Et on écoutait les nouveaux hits dès leur sortie à la radio. La fin de semaine suivante, on les interprétait en spectacle », se souvient Denis Boulet qui cite James Brown, The Animals, Rolling Stones et Beatles au nombre de ses artistes et groupes favoris.

Parmi la multitude de groupes musicaux se disputant une place au sommet du palmarès au Québec à l’époque, les Gants Blancs – dernière formation avant la création d’Offenbach – se distinguait par la présence d’un joueur de saxophone dans ses rangs. « On avait un son plus rock, c’est ce qui explique qu’on est un des rares groupes qui a pu continuer dans les années 1970 », souligne-t-il.

Au sein des Gants Blancs, on retrouvait d’ailleurs, outre les frères Boulet, Michel Willy Lamothe et Johnny Gravel, c’est-à-dire le cœur du groupe Offenbach, officiellement créé en 1970 et à qui se joint un an plus tard Pierre Harel, le parolier derrière le classique Câline de blues sur le premier album Offenbach Soap Opera.

Un certain show à la Plage Idéale

C’est d’ailleurs le seul album sur lequel Denis Boulet jouera au sein de la formation. « Je commençais à fréquenter une fille de Shawinigan que j’avais rencontrée lors d’un show à la Plage Idéale. Pis dans le groupe, je ne me sentais plus à ma place. Je m’en suis venu m’établir ici en 1972, mais en arrivant, je n’avais pas de job, pas d’argent. Les cheveux aussi longs que le barbe », se rappelle en souriant le batteur qui a trouvé difficile à s’habituer à une vie plus terre à terre après mené la vie turbulente des rockers.

« On en a mangé du beurre de peanuts moi et mon frère. Ça n’a pas toujours été facile, mais on est passé au travers. On faisait de l’argent, mais on la flambait au fur et à mesure. Mais je suis content d’avoir vécu cette vie. Offenbach, c’était mon bébé en quelque sorte et je les ai suivis jusqu’à leur dernier show en 1985. Dans l’histoire de la musique au Québec, ça a été un groupe important. Et moi aujourd’hui, je me considère comme un pionnier du rock’n roll », conclut Denis Boulet.

Écrit conjointement avec une amie, Tiffany Sagnol, Deux baguettes, un banc… Ma route vers Offenbach est disponible au coût de 25$ en écrivant par courriel à levieuxdenis@hotmail.com

Des Double Tones à Offenbach

Double Tones (1961)

Twistin Vampires (1962)

Fabulous Kernels (1963)

Kernels (1963)

Gants Blancs (1964)

Offenbach (1970)