L’univers déjanté de Fred Pellerin mis en toile par Sylvain Bouchar
La rencontre entre les univers du conteur de Saint-Élie-de-Caxton et du peintre naïf de Saint-Mathieu-du-Parc culminera en 2008 avec une série d’une vingtaine de tableaux inspirés par les personnages du spectacle «Comme une odeur de muscles» dont les dernières représentations ont eu lieu l’été dernier dans le village de Toussaint Brodeur.
Le garagiste Léo Déziel, Babine le fou du village, Ésimésac Gélinas, l’homme le plus fort du monde, Lurette, la fille du forgeron, la grand-mère de Fred, la sorcière, tous des protagonistes qui hantent Sylvain Bouchar depuis quelques mois.
L’artiste peintre a été foudroyé d’une frénésie créatrice comme il n’en avait eu depuis longtemps. «J’écoute son CD continuellement et j’ai assisté à deux de ses spectacles à Saint-Élie», raconte le volubile acryliste rencontré dans son atelier de la rue des Mésanges, sur la montagne de ski à Saint-Mathieu-du-Parc.
Rendu à mi-parcours dans son travail, Sylvain Bouchar compte présenter ses œuvres dans le cadre d’une exposition à la fin de l’été, moment propice puisque Fred rodera alors son nouveau spectacle à l’école primaire de Saint-Élie.
Même si pour la première fois de sa carrière, il créer à partir d’un univers forgé par un autre artiste, la palette de couleurs vives et non-mélangées du peintre naïf demeure facilement identifiable. Son quartier de lune coiffé d’une tuque – son omniprésente icône – trouve également sa place dans ce monde baroque.
Bouchar innove par contre pour cette future exposition en incorporant la technique du scrapbooking à certaines de ses toiles. Des vêtements, des clés, des épingles à linge, etc. qu’on retrouve parfois dans les histoires de Fred sont littéralement intégrés à l’œuvre, lui procurant une dimension dont l’absence est ironiquement l’une des particularités de l’art naïf.
Lorsqu’il s’attèle à la tâche, le Madelinois d’origine n’essaie pas de reconstituer l’intégralité d’un conte dans un tableau, préférant plutôt s’attarder à des personnages ou à des scènes. Il en résulte des toiles de différents formats, dont certaines très riches en éléments. Pour faciliter la compréhension des amateurs qui voudront établir des liens avec les récits, Sylvain Bouchar accompagnera chaque tableau d’un court texte explicatif.
L’artiste mathieusaintois en a fait du chemin depuis qu’il s’est fait connaître à la fin des années 1990 à bord de sa criarde Honda Civic transformée en œuvre d’art ambulante avec les dessins qu’il y avait appliqués. L’excentrique artiste a depuis décoré les parois d’une piscine creusée, travaillé sur un livre d’art naïf grandeur nature, peint sur des portes d’armoires et des réfrigérateurs. L’univers de Fred Pellerin représente un défi à la mesure de cet homme de quarante ans à l’imagination encore toute enfantine…