Mettre en valeur l’architecture en peinture

CULTURE.  Depuis qu’elle a repris ses pinceaux il y a cinq ans, l’artiste originaire de Lac-à-la-Tortue Stéphanie Goulet est très en demande par les dirigeants d’entreprises montréalais. Elle s’est tournée vers un créneau peu utilisé par les artistes-peintres, l’architecture des bâtiments, et à la lumière de ses propos, elle a visé dans le mille!

Une de ses toiles peut être vendue pour une somme de 10 000 à 15 000$, si bien qu’aujourd’hui, la Tortulinoise d’origine peut vivre de son art.

C’est à 20 ans que Stéphanie Goulet a quitté le Lac-à-la-Tortue pour entamer un baccalauréat en Multimédias interactif à l’Université du Québec de l’Abitibi-Témiscamingue (UQAT).

À 23 ans, elle a quitté pour la France afin de compléter une maîtrise en design graphique à l’université de Toulouse. « C’est là que j’ai eu la piqûre de l’architecture en général. Je peignais depuis l’enfance, mais je n’avais pas de formation professionnelle. C’est pourquoi j’ai fait mon baccalauréat en multimédias qui touche les arts visuels, et la maîtrise à Toulouse était pour peaufiner mon baccalauréat. »

Après une maîtrise intense d’une année, Stéphanie est revenue au Québec et s’est établie à Montréal.

Après avoir travaillé en marketing, en ingénierie, en architecture, et en mode, c’est à l’âge de 37 ans après une pause de plus de 10 ans que Stéphanie a repris ses pinceaux.

Un créneau artistique unique

« Quand j’ai repris mes pinceaux, je me suis donné une année pour me faire confiance et voir comment je m’enlignais. Ça s’est développé à une vitesse folle! Je me suis aperçu que j’ai acquis plein de capacité en ayant divers métiers en art visuel. Je devais trouver mon sujet en tant qu’artiste. C’est en travaillant sur mes toiles que je me suis révélée. Je me suis rendu compte que pendant les 10 années où j’avais arrêté de peindre, je peignais quand même avec Photoshop. Ç’a été une belle révélation quand j’ai repris mes pinceaux! Je suis tellement chanceuse de pouvoir vivre ce rêve et de gagner ma vie avec mon art! »

L’artiste est dans un feu roulant depuis quelques années. Tellement que les galeries d’art l’approchent, mais elle ne peut faire d’expositions avec ses œuvres parce qu’elles sont pratiquement toutes vendues avant que la toile ne soit terminée. « Présentement, je fais 12 toiles en même temps, et c’est ce qui me caractérise. Je pars plein de projets en même temps que je finis au fur et à mesure. Comme je peins à l’huile, ça demande du temps de séchage assez long aussi. Ça roule toujours. »

Récemment, un article est paru sur Stéphanie par la Maison Birks, une sommité du monde de la bijouterie à Montréal. Elle avait pris l’initiative de peindre le bâtiment et sa stratégie de marketing est plutôt originale. Alors qu’elle est en plein travail, elle utilise le réseau social professionnel LinkedIn pour faire la promotion de l’évolution de ses toiles. « Je marche dans la ville très tôt quand il n’y a personne, et je vais prendre des photos sur différents lieux et de différents bâtiments dans la ville qui m’allume. La maison Birks ne me connaissait pas et ne savait pas que j’allais peindre leur bâtiment. Je dévoile l’évolution de mon travail sur LinkedIn, c’est là que je travaille et que je vends 98% de mes toiles. Je fais des demandes d’ajout pour tout ce qui peut toucher à la maison Birks par exemple. Si les dirigeants ne l’ont pas vu, il va y avoir plein de gens qui vont leur dire que je travaille là-dessus. Dans le cas de la maison Birks, ça n’a pas été très long que j’ai reçu un appel pour réserver la toile. »

L’artiste s’est notamment attaqué à l’édifice Molson, à la gare Windsor, au bâtiment de la farine Fives Roses, et au mythique Ritz-Carlton pour ne nommer que ceux-là.

Elle devra même augmenter ses prix en septembre prochain, alors que ses clients lui mentionnent que sa gamme de prix entre 10 000$ et 15 000$ est en deçà du marché.

Troquer le piano pour les pinceaux

Stéphanie Goulet a développé la passion pour la peinture à un jeune âge. Le côté artistique de sa mère a fait qu’elle l’a initié rapidement au piano. « À 4 ans, elle a acheté un piano en me disant que j’allais jouer du piano. Je n’étais vraiment pas bonne et je n’avais pas l’oreille musicale. Vers l’âge de 11 ans, je n’étais plus capable du piano, mais j’étais créative. J’ai commencé à suivre des cours avec un artiste reconnu qui habitait près de chez moi, Régis Vézina. J’ai suivi des cours avec lui jusqu’à l’âge de 17 ans. »

L’artiste évoque même la possibilité de venir dans son patelin natal pour laisser parler son art. « Je pense notamment au pont de Grand-Mère qui est majestueux avec son architecture. L’Hôtel de Ville de Shawinigan détient aussi son cachet architectural. J’aime Montréal, et il y a une superbe clientèle ici, mais à partir du moment où il y a une clientèle et qu’il existe de super beaux bâtiments, ça reste que Shawinigan c’est ma ville natale. »