Organiste pendant 58 ans à Sainte-Flore, elle tire sa révérence

MUSIQUE. Le chemin qui mène à l’orgue de l’église de Sainte-Flore, Pauline B. Daneault l’a parcouru des centaines de fois. C’est à 81 ans, «par un beau matin de septembre», qu’elle a décidé qu’il était temps de tourner la page à ce chapitre qui aura duré 58 ans.

«Ça a toujours été très agréable pour moi, je l’ai fait avec une passion soutenue pendant toutes ces années. Maintenant, je dois ménager mes efforts, je me libère donc d’un engagement», explique la femme toujours très impliquée dans sa communauté.

«La dernière messe que j’ai accompagnée, c’était la dernière célébration de l’abbé François Donaldson, qui a été transféré à Trois-Rivières. C’était le 3 septembre dernier. J’étais loin de penser que je n’allais pas revenir», raconte-t-elle. «La semaine suivante je suis partie en vacances et j’avais trouvé quelqu’un pour me remplacer, une fois. Sauf que, un bon matin de septembre, je me suis dit que j’allais terminer le chapitre des grandes orgues.»

Depuis la fin de l’été donc, les dimanches matins sont bien différents à l’église de Sainte-Flore. Parfois on trouve un organiste pour une cérémonie, parfois pas. Il n’y a pas de relève assurée pour le moment.

Tristesse et nostalgie? Pas vraiment. «J’avais l’impression de faire partie des meubles et je me demandais quand j’allais pouvoir quitter volontairement», confie-t-elle. «Je pensais que ça allait me déchirer, mais je suis très sereine, à ma grande surprise», constate-t-elle.

Ne joue pas de l’orgue qui veut

Il suffit de voir Mme Daneault à l’œuvre pour constater la grande aisance avec laquelle elle manie l’imposant instrument à vent. Quelques notes pour se délier les doigts et l’orgue fait à nouveau vibrer l’église.

Mme Daneault a toujours dirigé le choeur en même temps qu’elle jouait.

«C’est assez physique. La maîtrise du pédalier demande beaucoup de pratique», explique-t-elle. La musicienne a d’abord appris le piano, avant de suivre des cours d’orgue pendant quatre ans à la cathédrale de Trois-Rivières avec Marcel Thompson.

L’orgue Casavant avait été installée en 1908 dans l’église de Sainte-Flore construite en 1897. Pauline B. Daneault, qui y pratiquait tous les jours, a succédé à Antoinette Pellerin à son décès, en 1958.

Ses plus beaux souvenirs? «Il y en a plusieurs, que ce soit dans les cérémonies ou dans l’accueil de grands personnages. Je pense au départ du chanoine Raymond Langevin ou à des prêtres qui ont laissé leur marque, comme le curé Gérard Bilodeau. Également lorsque nous avons souligné le travail des bâtisseurs qui ont marqué la paroisse lors du 100e anniversaire.»

La passion de la musique et du sacré

«L’un ne va pas sans l’autre quand on s’engage comme organiste dans une église», croit Pauline B. Daneault.

«J’ai préféré la musique à la politique», explique celle qui a été conseillère municipale et qui s’est déjà présentée aux élections fédérales contre Jean Chrétien. «C’est d’une droiture absolue la musique. Je retire énormément sur le plan intérieur. C’est un tout qui rejoint toutes les émotions et qui entretient des amitiés harmonieuses», poursuit-elle.

Pauline B. Daneault est sereine.

D’ailleurs, elle dirigeait le Chœur du Rocher, qu’elle a fondé en 1985… en même temps qu’elle jouait de son instrument. «Je dirigeais autant avec ma tête, mes yeux ou une main», explique-t-elle en riant. D’ailleurs, elle ne se retire pas de cette implication. «Le chœur a une force de frappe importante et insoupçonnée.»

En près de 60 ans, Pauline B. Daneault a vu les églises se vider. «Le besoin intérieur existe toujours, mais il va prendre d’autres formes», croit-elle. «C’est à chacun de trouver ce qui répond – de nos jours – à sa recherche spirituelle. Je pense que c’est essentiel sur le plan de l’existence.»

En pleine forme, Pauline B. Daneault continue de s’impliquer comme chef du Chœur du Rocher, comme vice-présidente de Culture Shawinigan et vice-présidente de la Maison des trois colombes, en plus de poursuivre ses fonctions de présidente-fondatrice du Rendez-vous des peintres de Sainte-Flore. Elle anime également des rencontres sur le mieux-être et la spiritualité.

Un concert de Noël

Le 17 décembre prochain, à 14h, à l’église de Sainte-Flore, 32 choristes du Chœur du Rocher et 22 musiciens de l’ensemble à cordes Harmonie offriront un spectacle de Noël au coût de 10$.Une partie des profits sera remis au Noël des Nôtres. Les billets sont disponibles au Centre de photocopies Robichaud du secteur Grand-Mère et auprès des membres des deux ensembles. (819)533-5190.

VIDÉO: Pauline B. Daneault à l’orgue de Sainte-Flore (Cliquez ici)