La part de l’Irlande dans notre quotidien

CULTURE. McMahon, Murphy, Foster, Hayes, Lahaie… saviez-vous que ces noms familiers dans la région sont d’origine irlandaise? Le 19 mars dernier, l’historien natif de Grand-Mère Simon Jolivet offrait une conférence sur l’empreinte des Irlandais au Québec à l’occasion de l’événement Passeport pour… l’Irlande de Culture Shawinigan.

Une soixantaine personnes ont répondu à l’invitation un lundi soir au foyer du Centre des arts de Shawinigan.

«La Mauricie n’est pas une région où les Irlandais ont particulièrement immigré si on la compare à d’autres comme la Gaspésie, l’Estrie, Chaudière-Appalaches ou les grands centres que sont Québec et Montréal», explique d’abord Simon Jolivet.

«L’empreinte culturelle irlandaise est là malgré tout», souligne-t-il. Les draveurs, la culture de la bière ou le fromage cheddar n’en sont que quelques exemples. L’historien a aussi parlé du parcours violoniste québécois Jean Carignan et de celui de La Bolduc, née Mary Travers d’un père Irlandais.

«Si nous avons tant d’Irlandais au Québec, c’est à cause de la grande famine en Irlande de 1845 à 1850», rappelle-t-il. De tous les peuples établis au Québec après 1815, les Irlandais sont ceux qui ont partagé le plus activement la vie des Canadiens français.

Simon Jolivet est tout de suite tombé en amour ce pays lorsqu’il y a séjourné pendant ses études. «C’est inévitable, quand tu entres dans un pub, la musique te fait penser à la Bottine Souriante. La bière, le ragoût irlandais et même les « fish and chips » me rappelaient le Québec. La politique aussi.»

Son livre Le vert et le bleu, tiré de sa thèse de doctorat portant sur l’identité québécoise et l’identité irlandaise au tournant du XXe siècle s’est retrouvé parmi les finalistes du Prix du Canada en 2012.

«Je suis vraiment fier que Culture Shawinigan ait pensé à moi pour cette conférence. C’est un sujet qui me tient à cœur et qui aurait à mon avis intérêt à être redécouvert parce que nous avons beaucoup plus d’héritage irlandais qu’on le pense en tant que québécois francophone. Même ici en Mauricie, il y a une influence considérable.»

L’histoire de Maggy Boyland de Grand-Mère

Lors de sa conférence, Simon Jolivet a raconté l’histoire de Margareth «Maggy» Boyland, une orpheline irlandaise qui a vécu pendant 61 ans à Grand-Mère. Sa petite-fille Nicole Duchesneau était d’ailleurs sur place.

«C’est une dame d’ici dont l’histoire est très représentative de l’immigration irlandaise catholique au Québec», raconte-t-il. «Elle est arrivée par bateau à l’âge de huit ans. Elle avait été donnée par ses parents pauvres de Dublin qui voulaient lui offrir une meilleure vie.» C’est en 1915 qu’elle est venue vivre à Grand-Mère avec son mari Jean Duchesneau originaire de Portneuf.

«Elle a vécu toute sa vie en français. Elle n’a jamais parlé de son traumatisme. Sur son lit de mort en 1976, sa petite-fille Nicole Duchesneau était dans la chambre. Maggy a commencé à parler en anglais, ce qu’elle n’avait pas fait depuis 61 ans. Elle demandait à sa mère pourquoi elle l’avait laissé tomber. Elle lui demandait de venir la chercher», raconte Simon Jolivet.

«J’avais envie raconter son histoire», confie-t-il. «Nous n’en sommes pas toujours conscients, mais nous avons beaucoup plus d’Irlande que nous le croyons dans notre communauté.»