Un clin d’œil aux patrimoines bâti et naturel
ARTS. Vingt et un an après Vision d’un centenaire, le grand mur donnant sur le stationnement de l’avenue Mercier au centre-ville arbore un nouveau look depuis cet automne.
Faisant 33 pieds de hauteur par 75 pieds de longueur, la gigantesque œuvre intitulée 1901 avenue Shawinigan a été conçue par Josette Villeneuve qui a bien sûr bénéficié des coups de pinceaux d’amis artistes tels que Cyndie Lemay, Caroline Potvin, Grégoire Cusson, Joseph Jean Rolland Dubé, Hélène Vallée, Myriam Fauteux et Alexis Cantin.
Comme il s’agissait d’un format inédit pour elle, la conceptrice a aussi fait appel à Rafael Sottolichio, un artiste ayant une quinzaine de murales à son actif avec le collectif MU à Montréal. « Ça me rassurait sur le côté technique », explique la Shawiniganaise. De son côté, le muraliste a souligné que son mandat avait été facilité par l’esquisse que lui avait présentée la créatrice. « On travaillait avec une maquette très précise. Josette était bien entourée, elle a cette capacité de créer un consensus autour d’elle. »
Le titre 1901 avenue Shawinigan fait tout d’abord référence à l’année de fondation de l’ancienne ville de Shawinigan. « Je souhaitais revisiter les dimensions historiques et naturelles de Shawinigan, présenter des éléments du patrimoine bâti, mais aussi du patrimoine vivant dans une imagerie ludique », poursuit Josette Villeneuve.
Trois bâtiments témoignant du passé industriel de la ville sont ainsi facilement identifiables : l’édifice Burrill, du nom du premier maire de la ville et qui abritait le siège social de la Shawinigan Water & Power, sur la rue Cascade; la centrale Northern Aluminium Company (NAC) sur le site de la Cité de l’énergie; et le bâtiment AL-15 de l’ancienne aluminerie de Shawinigan, sur la rue Cascade.
Une multitude de corridors parallèles, pouvant autant évoquer la rivière Saint-Maurice que des tronçons routiers, dominent la partie inférieure de la murale. D’autres éléments rappellent l’environnement naturel de Shawinigan comme des reliefs montagneux, des arbres, des fougères.
Le collectif d’artistes a aussi invité des élèves de l’école alternative de l’Énergie à venir mettre leur touche à l’œuvre. Avec des pochoirs, les artistes en herbe ont peint des poissons dans ce qu’on peut imaginer être la rivière Saint-Maurice. « C’était toujours magique quand ils étaient là. Ils n’avaient pas d’attente, juste le plaisir de le faire. Ça a donné une intervention douce sur la murale », souligne Josette Villeneuve.
En cours de route, Gregg Silver, un résident de l’avenue Mercier et vidéaste professionnel, est venu apporter aussi sa touche en documentant la progression de l’œuvre, de sa genèse jusqu’à sa finalité. Il en est ressorti un très intéressant document vidéo de neuf minutes qu’on peut visionner sur le site web de Josette Villeneuve (www.josettevilleneuve.com).
Présent à l’inauguration, le directeur général et artistique de Culture Shawinigan, l’un des partenaires financiers du projet, Bryan Perreault a promis à Josette Villeneuve un second mur pour l’été 2023. Citant le philosophe Michel Serres qui disait que »La marchandise, c’est l’équilibre. La culture, c’est l’accroissement », « Ce n’est pas une peinture qu’on a ici, c’est de l’accroissement. C’est ce qui rend un milieu de vie plus intéressant à côtoyer », a-t-il rappelé.