Un premier roman à 70 ans

Jean-Paul Gilbert, de Shawinigan, lançait le 2 décembre dernier son premier ouvrage, une enquête policière. Intitulé, «Le canard… un meurtrier psychopathe», ce polar raconte l’histoire d’un psychopathe qui trouble la quiétude d’un petit village de la Mauricie par ses ignominies. Il sera aussi question de …canards, de retraités au passé nébuleux et de rêves déchus.

Pour son incursion en littérature, Jean-Paul Gilbert, retraité de l’Aciérie, signe un roman sombre où les thèmes de la folie, de la prostitution et de la trahison s’entrecroisent dans un vocabulaire riche et éclaté. Agrémenté de passage tantôt poétique, tantôt charnel, l’ouvrage dépeint des personnages typés qui feront tour à tour sourire ou frémir le lecteur.

La passion de l’écriture

Qu’est-ce qui vous pousse un retraité à écrire son premier roman à l’aube de ses 70 ans? «J’ai toujours aimé l’écriture et, plus jeune, je voulais devenir journaliste», raconte l’auteur. «Par contre, ma famille n’avait pas les moyens de m’envoyer suivre le cours, alors j’ai fait carrière dans une scierie en tant que contremaître. Je griffonnais des petits textes, des chansons, des poèmes, ce genre de chose dans mes temps libres», ajoute-t-il un sourire dans la voix.

Après sa retraite, M. Gilbert décide d’investir dans sa passion. Il se met donc en mode rédaction pour un bon quatre à cinq mois avant d’accoucher de son polar. Ce genre littéraire allait de soi pour celui qui a toujours lu avec plaisir les auteurs Gretchen et Patterson.

Vient ensuite le moment de cogner aux portes des maisons d’édition. «J’en ai fait quelques-unes, mais en vains. Après coup, je crois que mon style plus sombre ne collait peut-être pas à tous les éditeurs que j’ai approchés.»

Canards et Macabées

La trame narrative de l’ouvrage se déroule en Mauricie et il ne s’agit pas d’un hasard. «J’ai toujours aimé le St-Maurice», indique l’écrivain, avant d’ajouter que les canards, eux, ont été choisis parce qu’ils se regroupent en grand nombre à Shawinigan. «Aussi, parce que c’est un animal que j’ai déjà collectionné dans le passé».

Ainsi, la fiction et le véridique se côtoient dans «Le canard… un meurtrier psychopathe». Certains éléments qui ont nourri les dialogues entre les personnages du quartier dans le roman ont été puisés dans le souvenir de vraies conversations que l’auteur a captées. Disons que j’amplifie le raisonnement, l’humour ou l’aspect sombre de paroles que j’ai réellement déjà entendues de la part de personnages âgées», indique-t-il.

De un, puis de trois!

S’il peut être grisant de se laisser aller à l’écriture en se glissant dans la tête d’un psychopathe, Jean-Paul Gilbert souligne qu’il s’agit aussi d’un exercice troublant. «Quand j’ai reçu le premier exemplaire de mon roman des éditions de l’Interdit, je me suis relu et je n’en revenais pas. Je ne pouvais pas réaliser que c’était bel et bien moi qui avait écrit ça!», se souvient-il.

L’auteur souligne aussi que ce roman ne sera pas son dernier à voir le jour. «J’ai déjà terminé l’écriture d’un second roman qui se situera toujours en Mauricie et où mon personnage principal du premier roman, l’enquêteur Car Lambert, sera à nouveau au centre de l’histoire. Un troisième ouvrage est aussi en chantier!», précise M. Gilbert.

À savoir si l’enquête qu’il a terminé sera la suite du «Canard… un meurtrier psychopathe», l’auteur reste évasif. «Je n’en dis pas plus, je veux conserver le mystère», conclut-il.