Claude Gill: Cette histoire n’est pas un poisson d’avril…

COSTA RICA.  Un bon matin de printemps, le 21 mars 2024, à Montezuma au Costa Rica, je me suis réveillé avec la moitié gauche du visage paralysée. Comme si un dentiste et sa piqûre m’avaient gelé de l’œil à la bouche pendant un cauchemar. Difficulté à boire le café, à manger le petit déj, à parler correctement, ayant le sourire semblable à un ancien premier ministre et craignant avoir subi un avc pendant la nuit… j’ai ensuite consulté le docteur Google.

Malgré mon sourire atrophié, Clarisse et Sarah, mes deux amies du Luxembourg et co-chambreuses s’installent à la table pour manger en ma compagnie. Plus inquiètes de mon état que je le suis, elles me suggèrent de me rendre dans un hosto. Même bien assuré pour l’entièreté de mon voyage, je n’ai pas le goût de m’astreindre du lot de complications qu’ implique de rejoindre ma compagnie d’assurance d’outre-mer.

Je préfère rejeter les informations du docteur Google qui ne me plaisent pas et accepter qu’en quelques jours ou quelques semaines tout redeviendra à la normale selon les meilleurs diagnostics du toubib virtuel.

Mais ça ne m’empêche pas de faire une randonnée pédestre avec celles que j’aimais surnommer les Deuxluxes* pour se rendre à une cascade près du petit village de Montezuma. Repaire de backpacckers ayant une population de 3,460 Ticos et Ticas, surnom des Costaricains, on revit un peu l’époque du peace and love ici. Et fait chaud et c’est extrêmement humide.

Après quelques belles journées à côtoyer Sarah, bachelière en communication design et Clarisse bachelière en diététique, deux jeunes femmes dégourdies qui causent luxembourgeois, allemand, anglais, français et bientôt en espagnol, je quitte l’ouest et le Pacifique pour me diriger vers l’est et l’Atlantique à la rencontre de Puerto Viejo.

Pays vert, le Costa Rica compte un lot de Parcs Nationaux. Probablement autant de parcs que d’espaces urbains. Végétation luxuriante, c’est comme la jungle à la grandeur du pays. Un lots de singes, de poissons, de papillons, de gros éléphants et j’en passe, animent les sentiers et les nombreuses plages des deux océans.

Ma paralysie faciale stable mais ne s’améliorant pas rapidement, je retrouve mes deux amies quelques jours plus tard à Puerto Viejo. Chaud et extrêmement humide ici aussi, où la culture afro-caribéenne domine, un lot de touristes viennent s’ajouter aux quelques 30,000 locaux pour profiter des superbes plages et se laisser griser par l’ambiance à saveur de reggae qui se vit à Puerto Viejo. Et en cette semaine pascale, la faune humaine est en folie.

Je me suis loué une bécane pendant deux journées entières pour en voir davantage. Afin de me protéger du soleil qui tape fort, j’utilise de l’écran solaire facteur 100, soit deux généreuses couches de 50 l’une par dessus l’autre. En cette période des sucres et des fêtes pascales, faut aussi penser de bien graisser les oreilles pour ne pas qu’elles deviennent des oreilles de Christ.

Toujours inquiètes de mon sort, Clarisse fait le 1-800- Luxembourg pour appeler son père qui est médecin… maintenant mon médecin sans frontière! Allo papa, il y a un drôle de gamin de 64 ans à mes côtés avec la moitié gauche du visage comme si Pablo Picasso l’avait maquillé. Comme un père répond toujours à sa fille, même en présence d’un patient devant lui, il me fait une prescription. Paradis fiscal pour les plus fortunés, le Luxembourg m’est soudainement devenu un paradis médical pour un gars mal foutu!

J’avais tellement de difficulté à prononcer les mots commençant par P dans les premiers jours, que dans un resto, alors que je voulais un Sppppri, un Sppppri, un Sppprite… ok, je vais prendre un Coke! À raison d’une pilule par jour pendant dix jours, après la cinquième pinotte et beaucoup de liquide, la vie est maintenant plus jolie sous le soleil du Costa Rica.

Et ici, les poissons sont aussi gros que les éléphants…

Il n’a pas de pachyderme au Costa Rica!!!

*Deuxluxes est un duo musical anglophone québécois.