Des concentrations trop élevées du côté de la STELAP
EAU POTABLE. La demande d’aide financière de Ville de Shawinigan au Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU) du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation a été acceptée.
Rappelons que cette demande a été déposée au ministère en février dernier et vise à financer les dépenses liées au projet de mise à niveau de la Station de traitement de l’eau du Lac-à-la-Pêche (STELAP). La première étape consiste à mandater des professionnels pour la réalisation d’études préliminaires, visant la recherche de la solution permanente.
Par ailleurs, la Ville a déposé la semaine dernière sur son site Internet les bilans annuels de la qualité de l’eau potable de ses deux réseaux de distribution pour l’année 2023. Pour le bilan du réseau Grand-Mère (secteurs Grand-Mère et Saint-Georges), seulement un échantillon sur plus de quatre cents recueillis pour le contrôle bactériologique du réseau a démontré la présence de coliformes totaux supérieure à la norme.
Pour ce qui est du réseau Shawinigan (secteurs Saint-Gérard-des-Laurentides, Shawinigan, Shawinigan-Sud et Lac-à-la-Tortue), les données indiquent que les concentrations en trihalométhanes (THM) et en acides haloacétiques (AHA) présentes dans l’eau potable produite par la STELAP sont supérieures aux limites permises dans le Règlement sur la qualité d’eau potable, limites qui sont de 80 μg/L pour les THM et de 60 μg/L pour les AHA. Les THM et AHA sont des groupes de substances chimiques qui se forment lorsque le chlore utilisé pour la désinfection de l’eau réagit avec la matière organique présente dans celle-ci.
« Depuis la remise en marche de la STELAP à l’été 2022, nous avons de la difficulté à respecter les normes du ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) en ce qui a trait aux THM et aux AHA. Pour les respecter, il nous faudrait réduire la matière organique. Pour ce faire, nous devrions augmenter la quantité de coagulants, toutefois le passé démontre qu’une telle opération a pour résultat de colmater prématurément les membranes. Le résultat actuel étant que la rencontre entre l’eau chlorée et la matière organique fait augmenter les sous-produits, dont font partie les THM et AHA », explique Pierre Moreau, chef de division – eau, du Service de l’ingénierie à la Ville de Shawinigan.
Des discussions sont en cours actuellement avec le MELCCFP afin de déposer un plan d’action, axé sur le rinçage de certaines conduites, visant à réduire les THM et les AHA à Shawinigan. La Ville communiquera, en temps opportun, avec les citoyens concernés.
Les feux de forêt en cause?
« Certains chercheurs font un lien entre les feux de forêt de l’été dernier et un taux anormalement élevé de matière organique dans plusieurs lacs. De notre côté, on ne peut certifier que les feux de forêt ont eu une incidence directe sur la teneur en matière organique de l’eau du lac à la Pêche, mais à partir de juin 2023, nous avons noté une augmentation importante de la quantité de matière organique jusqu’à atteindre des valeurs maximales en décembre. Depuis, elles tendent vers un retour aux valeurs habituelles. Les concentrations de THM et de AHA dans l’eau distribuée ont suivi le même comportement puisqu’encore une fois, nous ne pouvions augmenter la quantité de coagulants. Le résultat étant donc, plus de matière organique en contact avec l’eau chlorée, plus de sous-produits générés incluant les THM et AHA. Néanmoins, un plan d’action sera déposé et l’aide financière obtenue via le programme PRIMEAU nous permettra d’amorcer les études qui mèneront à une solution pour pallier le problème d’approvisionnement en eau potable, tout en s’assurant du respect en tout temps des normes du Règlement sur la qualité de l’eau potable « , renchérit M. Moreau.